LA DÉBANDADE

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Il n’est pas nécessaire de faire partie de la Commission du dictionnaire à l’Académie française pour comprendre que la débandade à laquelle le titre du film fait allusion est synonyme de panique, de retraite, de déroute, de confusion, tous ces termes définissant parfaitement l’état d’esprit dans lequel se trouve le héros du film. Mais on se rend très vite compte que cette confusion est liée chez notre homme à un certain désarroi érectile. Rarement un mot n’avait joui de son double sens avec autant de bonheur.

Il faut reconnaître que ce moment clé de la vie de l’homme mur, quand les faiblesses de la prostate débouchent sur le déclin du monde a rarement été traité au cinéma. On se souvient néanmoins de l’adaptation en 1981 du roman de Romain Gary publié six ans plus tôt au titre gorgé d’un humour désabusé : Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. Mais Claude Berri, lui, bien qu’il n’ait pas caché le côté partiellement autobiographique de son film a pris le parti d’en rire.

Claude Berri avait interprété l’un des personnages centraux de ses films à quatre reprises dans les années 60 et 70, dans Mazel Tov ou le mariage, Le Cinéma de Papa, Sex-shop et Le Mâle du siècle. Puis il s’était longtemps cantonné derrière la caméra, avant de réapparaître à l’image en 1999 avec La Débandade. Il est vrai qu’il avait entretemps fait l’acteur pour les autres dans des rôles pas toujours évidents, dans L’Homme blessé ou Stan the flasher.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MÂLE DU SIÈCLE (C'est un autre film de Claude Berri où le cinéaste s'interroge sur sa virilité.) ou encore AU-DELÀ DE CETTE LIMITE VOTRE TICKET N’EST PLUS VALABLE (Il met en scène un homme vieillissant ayant du mal à faire le deuil d'une sexualité plus active).

La part autobiographique du cinéma de Claude Berri est objectivement importante. Son premier long métrage, Le Vieil Homme et l’Enfant n’était-il pas le récit de son parcours d’enfant juif pendant la guerre ? Puis sont venus La Première fois, Mazel Tov, Le Cinéma de Papa, et d’autres. Autant d’occasions de revisiter de façon romanesque ses vertes années, celles de tous les apprentissages. A cet égard Tchao pantin a marqué un virage, quand le cinéaste a pris de l’assurance et s’est attaqué à l’adaptation de classiques de la littérature, signés Pagnol ou Zola. C’est la période de ses plus gros succès, quand notre homme, par ailleurs producteur zélé faisait la pluie et le beau temps dans le cinéma français. Avant de revenir dans la dernière partie de sa carrière à des films moins ambitieux en termes de production, plus intimistes, sans doute plus impudiques. C’est le cas de La Débandade.

Mais si le film est une comédie, ce n’est pas pour autant un film simple. La Débandade peut d’ailleurs se voir sous deux aspects différents. C’est d’une part un film populaire, qui aborde avec une certaine légèreté un phénomène de société, brodant de façon primesautière sur l’apparition du viagra. Mais c’est aussi un autoportrait un peu dérangeant du cinéaste, qui ne se montre pas vraiment sous son meilleur jour, que ce soit sur plan du comportement, quand il cherche par tous les moyens, y compris les plus pitoyables, à retrouver sa virilité perdue, ou sur le plan physique, prenant un malin plaisir à nous montrer qu’il n’a rien d’un Apollon du belvédère. Comme dans Sex-shop ou Le Mâle du siècle, Berri semble même verser vers un certain nihilisme, comme s’il voulait dessiner le contrepoint de sa superbe réussite professionnelle.

Celle-ci est en effet pour le moins exceptionnelle. Claude Berri a réalisé 21 longs métrages, dont 13 ont dépassé un million d’entrées, son triomphe restant le diptyque Jean de Florette / Manon des sources. Et son plus gros flop, La Débandade justement. Je ne voudrais pas faire de mauvais jeu de mots sur l’inappétence d’un public mollasson, mais il faut croire que le sujet ne donne pas vraiment envie au spectateur de s’identifier à ce personnage en déroute. Berri a également été un producteur heureux, qui a travaillé avec les plus grands, Annaud, Forman, Polanski, Pialat, parvenant jusqu’à la fin à concilier le cinéma le plus exigeant, celui de Kechiche par exemple et les films les plus populaires : Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre c’est lui… Bienvenue chez les Chtis, c’est encore lui. Les courbes de la fréquentation n’avaient pas besoin de viagra pour faire preuve de leur vitalité.

Excellent film. Un peu machiste on pourra dire, mais c'est surtout qu'on adopte le point de vue d'un mec sur la question. Cela ne m'a donc pas dérangé. Puis je préfère les connards dans les fictions que dans la réalité. L'intrigue est réjouissante si je puis dire. Le sujet ...