L'HOMME DES HAUTES PLAINES

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Il était une fois dans l’Ouest, Clint Eastwood ! L’acteur doit au genre Western - dans sa variante  spaghetti - d’être devenu star au milieu des années soixante, quand auparavant il n’était que l’acteur de la série Rawhide. Lorsqu'il décide de mettre en scène ce qui sera son second long, L’Homme des Hautes Plaines, c’est fort de l’expérience accumulée au côté de Sergio Leone pour sa trilogie : Pour une poignée de dollars, Pour quelques dollars de plus et enfin Le Bon, la Brute et le Truand.  

Comme chez Leone, l’argument dramatique s’appuie sur une logique de vengeance : un étranger dont personne ne connaît le nom, arrive dans un village frontalier du sud-ouest où trois hommes le provoquent aussitôt et vont payer de leur vie leur audace. Les habitants s’en remettent alors à lui, en priant pour qu’il les sauve de trois malfrats, qui à leur sortie imminente de prison, ont juré de mettre la région à feu et à sang. Dans une atmosphère des plus arides, l’histoire suit une ligne claire qui est déjà la marque de fabrique d’Eastwood réalisateur.  

Clint Eastwood a apprécié chez le maestro italien ce qui lui avait plu aussi chez Don Siegel (L’Inspecteur Harry), à savoir, une capacité à bâtir des histoires dans l’économie et le respect des budgets impartis. Et de fait, il sera un élève scrupuleux : Universal lui accorde six semaines de tournage, mais l’acteur-réalisateur rend sa copie avec deux jours d’avance. Eastwood tourné trois autres westerns, (Josey Wales Hors la Loi, Pale Rider et Impitoyable) genre qu’il a contribué à renouveler à force de radicalité et d’audace. Notamment dans L’homme des Hautes Plaines dont la fin ouverte laisse place à plusieurs interprétations… On en reparle après le film ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS (Parce que le premier film tourné par Eastwood avec Sergio Leone a inspiré ce premier western à l'acteur-réalisateur.) ou encore IMPITOYABLE (Une variation ultérieurs sur le thème de la vengeance par le même cinéaste).

Lorsque l’argument de L’Homme des Hautes Plaines passe pour la première fois entre les mains de Clint Eastwood, il tient sur neuf petites pages. Il est signé Ernest Tidyman qui vient d’obtenir l’Oscar pour French Connection. Mais à ce stade on ne peut pas parler de “scénario”, il n’est encore qu’à l’état de traitement. Son point de départ était : « que se serait-il passé si le shérif du Train sifflera trois fois avait été tué ? » Dans le traitement de Tidyman, le frère du shérif revenait ainsi pour se venger face à des villageois aussi timorés que dans le film de Fred Zinnemann. Pas du goût de Clint Eastwood, qui trouvait aussitôt le biais pour s’approprier l’histoire, comme il le confie dans son livre d'entretiens avec Michael Henry Wilson (éditions Cahiers du Cinéma) : “On ne saurait jamais si le frère en question est un être diabolique ou une sorte d’archange”.  

Or, de façon assez incompréhensible, à la sortie du film dans sa version française, cette ambiguïté, cette dimension allégorique - aux confins du fantastique - voulue par le réalisateur, se trouvait balayée lors de la scène finale, le temps d’une phrase inexistante dans la v.o : elle est prononcée par le cavalier sans nom, affirmant qu’il était le frère du shérif assassiné… Beaucoup n’ont ainsi vu dans L’Homme des Hautes Plaines à l’époque qu’une assez banale histoire de vengeance - aux relents “fascisants” estimait même à tort une partie de la critique française - quand son auteur souhaitait que le public, à la fin du film, tire ses propres conclusions. 

Pourquoi pas ? Je ne suis pas un tueur. Ne faites pas l'idiot ! Vous... D'autres part, je n'ai rien contre ces hommes. Qui sont-ils ? Bridges et ses cousins travaillaient pour la Compagnie. Des fauteurs de troubles ! Comme les trois gars que vous avez tués hier. ...

Pour sa seconde réalisation seulement, Clint Eastwood décide de rembourser sa dette envers le Western (et Sergio Leone) et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y ajoute un gros pourboire en supplément....! L'histoire fait forcément penser à celle du film de Fred Zinnemann, ...

L’homme des hautes plaines s’ouvre et se ferme sur un même plan : un horizon embrumé par la chaleur sur lequel apparait ou s’estompe la silhouette fantomatique d’un cavalier. Surgi de nulle part, dénué de nom et aux motivations troubles, le héros pénètre une ville ...