L'EMPRISE DU MAL

en VOD

Un homme pieds nus marche dans la neige et c’est vers la mort que le portent ses pas puisqu’il va se pendre. Les toutes premières images de L’Emprise du mal installent d’emblée un climat mystérieux que ce film espagnol va développer à partir de l’histoire a priori banale d’un couple qui tente de se reformer.

Pour ressouder son mariage, un joueur d’échecs emmène donc sa compagne et leur fils dans un chalet de montagne pendant les vacances de Noël. Mais jalousie et culpabilité vont perturber le fragile équilibre qu’il voudrait restaurer… Miguel Angel Toledo, qui signe ici son premier long métrage, connaît bien ses classiques et sa réalisation rend hommage à Shining par bien des aspects. Comme dans le film de Kubrick, un couple avec enfant se retire dans un lieu isolé au cœur d’un paysage enneigé. Et là aussi la frontière entre la réalité et les cauchemars apparaît étrangement et dangereusement poreuse.Ajoutons que pour écrire ce scénario, Toledo a collaboré avec un spécialiste du frisson, Juan Carlos Fresnadillo, le réalisateur de 28 semaines plus tard et de Intruders. Présenté dans divers festivals, L’Emprise du mal a reçu trois récompenses majeures à celui d’Alicante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHINING (Des éléments de scénario communs : un couple avec enfant dans un lieu isolé au milieu de paysages de neige...) ou encore 28 SEMAINES PLUS TARD (Un autre scénario de film d'horreur signé par Juan Carlos Fresnadillo).

Depuis les années 1990, le cinéma fantastique et d’horreur a connu un véritable renouveau en Espagne. Il suffit de penser à des réalisateurs comme Alex de la Iglesia ou Alejandro Amenabar et à des titres comme L’Orphelinat ou [REC]. Pour autant, les projets ne sont pas tous faciles à concrétiser. Le réalisateur Miguel Angel Toledo a mis presque sept ans pour parvenir à tourner L’Emprise du mal. Et c’est dans les Pyrénées et la région de Teruel par des températures de moins dix à moins vingt degrés que ce natif des îles Canaries a tourné les extérieurs de la production. Jusqu’à ce film, Toledo n’avait réalisé que des courts métrages et produit dans les années 1990 Esposados de Juan Carlos Fresnadillo, le premier court métrage espagnol nominé à l’Oscar

Une clef majeure de L’Emprise du mal vient du Livre des morts tibétain. Miguel Angel Toledo a puisé son inspiration dans ce texte bouddhiste où il est dit que pendant 49 jours après son décès, l’âme du défunt, sans réaliser encore qu’elle n’est plus rattachée à un corps, se met à reconstruire la réalité et les événements de son existence passée selon ses désirs.

Le réalisateur a trouvé cette idée particulièrement cinématographique et a creusé ce thème en explorant la question de la subjectivité. Les choses sont-elles ce qu’elles sont ou ce qu’elles paraissent ? La question traverse L’Emprise du mal, récit aux accents paranoïaques où les miroirs tiennent une place importante et où les signes inquiétants s’accumulent, comme cette marionnette qui souffle à un enfant comment battre son père aux échecs. La tension monte et le puzzle s’organise ou se désorganise sous l’effet de glissements temporels.

Pour Miguel Angel Toledo, le film ne relève pas exactement de la terreur pure. Il s’agit plutôt d’un thriller psychologique. Le cinéaste revendique d’ailleurs comme autre source d’inspiration le cinéma du suédois Ingmar Bergman, dont il apprécie la façon d’aborder les thèmes métaphysiques ou celui de la mort.