ILS REVIENNENT

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Depuis que les autorités mexicaines ont intensifié la guerre contre les cartels de la drogue en 2006, les morts et les disparitions se sont comptés par centaines de milliers. Autant dire que la mort fait partie du quotidien des habitants, y compris des enfants, souvent transformés en orphelins, et qui se retrouvent à la rue.

C’est le cas d’Estrella, le personnage principal de ce film. Elle a 12 ans lorsque sa mère disparait, et pour survivre, elle rejoint une bande d’enfants qui doivent s’organiser pour se défendre contre un gang. En même temps, elle a des visions étranges qui la relient au monde des morts. Cette faculté ne lui sert pas à fuir la réalité, mais au contraire à l’affronter.

La réalisatrice Issa Lopez trouve un équilibre parfait entre néo réalisme et fantastique, passant de l’un à l’autre avec habileté.  Le film a reçu les louanges de Guillermo del Toro qui l’a classé parmi ses films préférés l’année de sa sortie en 2017.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE LABYRINTHE DE PAN (La réalité de la guerre civile est si dure qu'elle inspire à une enfant des visions imaginaires.) ou encore LOS OLVIDADOS (Des enfants tentent de survivre au Mexique dans un environnement défavorable.).

Issa Lopez écrit et réalise des films depuis le milieu des années 1990. Pour son troisième long métrage, elle a décidé d’exploiter le contexte très concret de la guerre de la drogue qui a pris une telle ampleur au Mexique que certaines cités frontalières sont transformées en villes fantômes. Et c’est dans un de ces endroits que la réalisatrice a imaginé une histoire qu’elle raconte du point de vue d’une bande d’orphelins. Après un début qui montre une institutrice énonçant les rudiments du conte de fées afin d’inciter ses élèves à inventer leurs propres histoires, il est clair que les enfants connaissent très bien le sens des symboles. Et ils n’ont aucun mal à déterminer dans leur quotidien qui sont les monstres, les exécuteurs et les mauvaises fées. Ils doivent trouver le moyen de les affronter à leur propre manière. 

Six cents enfants ont été auditionnés avant qu’un choix définitif soit arrêté. Aucun d’entre eux n’avait d’expérience d’acteur. Pour les entraîner, Issa Lopez a organisé des ateliers d’improvisation avec un professeur d’art dramatique avant le tournage. Le film a été tourné dans l’ordre chronologique, et aucun des interprètes n’avait reçu un script. Cette méthode a permis d’enregistrer des réactions spontanées qui n’auraient pas pu être obtenues autrement.  Le titre original fait référence à la possibilité de communiquer avec les morts, mais dans certains pays, le film est sorti sous le titre alternatif Les tigres n’ont pas peur.

Trois exemplaires du tigre en peluche ont été confectionnés à la main pour les besoins du tournage. Le premier a servi pour les prises de vues, et Issa Lopez l’a conservé. Un second était utilisé en réserve pour le cas où le premier serait détérioré, et un troisième a été découpé en morceaux qui ont été scannés en vue des effets spéciaux numériques. On a beaucoup comparé Ils reviennent avec L’échine du diable et Le labyrinthe de Pan, mais son contexte contemporain le rend plus réaliste et moins féerique. Guillermo del Toro n’est pas le seul à avoir apprécié Ils reviennent. Stephen King l’a aussi défendu pour son mélange de dureté et de douceur, affirmant qu’il avait été captivé dès le début.

Ils reviennent ... est un petit film mexicain qui aura eu droit à une sortie miraculeuse mais très confidentielle en salles au cours de l'été 2019. Le film de la réalisatrice Issa Lopez est pourtant une bête de festival qui recevra plus de 40 prix à travers le monde avant ...

"Ils reviennent ...", "Vuelven" ou "Tigers are not afraid", trois titres pour un film, mais quel film ! Certainement ma bonne grosse surprise de l'année. Et c'est pour cette raison que je décide d'écrire ces quelques mots afin d'essayer de faire découvrir cette petite pépite ...

Ce qui relève d’un exploit pour la plupart des cinéastes français semble être, si ce n’est banal, au moins envisageable dans le contexte mexicain… C’est en tout cas l’impression que l’on a eu en sortant de la salle après avoir vu ce film dans lequel la réalisatrice ...