DEALER

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Dealer est le premier film réalisé par Jeroen Perceval, acteur central de la nouvelle génération de cinéastes belges flamands. Il s'est autant formé en observant, entre autres Felix Van Groeningen (Alabama Monroe) que Michael Roskam (Bullhead) avec qui il a tourné. Dealer s'inscrivant dans leur continuité en auscultant les vulnérabilités d'un enfant propulsé trop vite dans le monde des adultes et d'un acteur hanté par des blessures intimes qui va le prendre sous son aile.

Si Johnny, gamin vendant de la drogue pour survivre, est le personnage moteur de Dealer, ce film est aussi le portrait de la célébrité à travers Antony, la star du théâtre qui va aider Johnny à s'extirper du monde de la nuit. Ses oncles sont des metteurs en scène réputés sur la scène Belge, lui-même a été acteur et connu une certaine heure de gloire. Avec Antony, il démasque les apparences, cette vedette de théâtre adulée dissimule une solitude profonde. 

De Johnny à Jeroen, il y a très peu de degrés de séparation. Dealer doit son intensité à une part autobiographique .Jeroen Perceval sait, là aussi, pertinemment de quoi il parle : adolescent négligé par des parents obnubilés par leur carrière puis séparés, il compense cette absence en fréquentant un milieu toxique qui l'amène a devenir accro à la drogue, avant de devenir alcoolique puis de sombrer dans la petite délinquance. La main qui est tendue à Johnny dans Dealer est celle que son réalisateur n'a pas connue, Perceval s'étant sevré par lui-même après avoir été interné en hôpital psychiatrique. 

Dealer amplifie l'identité forte du cinéma belge flamand d'un regard à froid, où absurde, tragique et romanesque peuvent se mêler tout en restant porté par un humanisme comme politesse du désespoir. Idem pour la vision lucide d'Anvers, ville séduisante, toute en façade luxuriante mais abritant d'insondables bas-fonds, jusqu'à être devenue une des plus importantes plateformes du trafic de drogue mondial. Sans oublier une impressionnante stylisation héritée des grands maîtres de la peinture flamande. Nourri de tout cela, Dealer oscille entre lumière et noirceur, descente aux enfers et possibilité d'une rédemption.