AMANDA en VOD
- De
- 2022
- 94 mn
- Drame
- Italie
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Depuis 1999, on en a vu passer des ersatz de Sofia Coppola qui voulaient réaliser leur Virgin Suicides. Avec Amanda, Carolina Cavalli réussit là où tant d’autres ont échoué. Ce premier long-métrage ne se contente pas de singer le style de la cinéaste américaine. Si le film sonde les mêmes maux que son aîné, il le fait par un ton plus léger en apparence. Amanda est plus extravagant, plus bavard, plus punk aussi. Plus italien en somme, et ose même le happy end. Derrière ces images séduisantes, Carolina Cavalli sonde l’ennui des jeunes femmes de la Gen Z italienne, en mal de liens sociaux, d’amitié et d’amour. Comme une version mise à jour de Virgin Suicides.
Carolina Cavalli a un œil, un regard. Elle parvient à transcender ici une économie de lieux, soit quelques endroits qu’on visite et revisite pendant 1h30 (une cinémathèque, un manoir familial, une maison d’architecte, un hangar de rave party, un manège à chevaux, …). Ces décors, tous différents ne sont finalement que les pièces du puzzle du cerveau d’Amanda. La jeune femme fantasme, se fait des films. Elle s’invente un petit-ami, s’imagine retrouver la grande amitié d’enfance qu’elle a perdue. À sa manière, Amanda est elle-même une écrivaine, une affabulatrice, une réalisatrice. C’est sa vie qu’elle met en scène.
Carolina Cavalli ne filme jamais Amanda avec mépris. Elle épouse complètement son point de vue. On ressent la tendresse que porte la cinéaste sur son personnage, et surtout son actrice. Benedetta Porcaroli a fait ses armes sur Netflix, sur trois saisons de la série Baby. Inspirée du scandale italien Baby Squillo, la série est l’anti-Amanda. Deux adolescentes de familles aisées qui s’ennuient dans leur lycée privé, dont la vie bascule lorsqu’elles tombent dans un réseau de prostitution. À l’opposé de cette vision de la jeunesse italienne, Amanda ne cède jamais au sordide alors même que son héroïne se met elle aussi dans des situations délicates.
C’est Galatéa Bellugi qui donne la réplique à Benedetta Porcaroli, dans le rôle de son ami d’enfance Rebecca, jeune femme angoissée, qui n’ose sortir de sa chambre de béton. L’actrice franco-italienne est l’un des grands espoirs du cinéma européen, vue notamment l’année dernière dans Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand. Elle campe ici une sorte de double d’Amanda, moins tête brûlée mais aussi plus forte et farouche. Les meilleures scènes d’Amanda sont lorsque Carolina Cavalli filme la relation d’abord fragile puis fusionnelle entre ces deux marginales. L’envers de ce drôle de duo, les parents démissionnaires, déléguant la responsabilité de leurs enfants à des psychiatres aux faux airs de gourous sectaires, sont moqués avec acidité. Un pied dans le réel, l’autre dans la fantaisie, Amanda est un portrait candide, étrange et doux du passage à l’âge adulte.