AT THE DEVIL'S DOOR

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On ne va pas vous refaire l’historique des apparitions du Grand Satan au cinéma : ce serait remonter à 1896 avec Le Manoir du Diable de George Méliès et dérouler douze décennies pendant lesquelles des cinéastes majeurs se sont penchés sur son cas, de Murnau à Carpenter en passant par Duvivier et Friedkin… Et puis, vous avez tous en tête quelques titres-phares du genre : L’Exorciste, Damien la malédiction, La Neuvième Porte, j’en passe et des meilleurs. Eh bien, en voilà un de plus.

Dans le très faustien At the Devil’s Door, une ado est mise au défi par son petit ami de passer un pacte avec le Diable contre 500 dollars. Elle s’exécute et la bête sort de sa cachette. La gamine rentre chez elle, mais une force surnaturelle s’en prend à elle et accable alors sa maison. Lorsque cette dernière est mise en vente, Leigh, une femme agent immobilier, vient faire l’état des lieux. Le Diable jette alors son dévolu sur elle et sur sa sœur, une mystérieuse et taciturne artiste…

Après un premier film d’horreur très remarqué intitulé The Pact en 2012, le réalisateur Nicholas McCarthy revient avec ce qu’il appelle lui-même « un rubik’s cube » cinématographique, qu’il a imaginé, écrit et mis en scène. Une sorte de fable macabre tripartite, distillée dans le passé, le présent et le futur, jouant avec les nerfs, les mythes et les croyances. C’est aussi, et c’est rare dans le cinéma américain, un film 100% féminin, porté notamment par deux sublimes comédiennes : Catalina Sandino Moreno et Naya Rivera, plus connue pour le rôle de Santana qu’elle tient dans la série Glee.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROSEMARY'S BABY (Roman Polanski signe un grand film sur le rejeton du Diable.) ou encore NE TE RETOURNE PAS (Le film de Marina De Van joue lui aussi la carte du cinéma de genre, porté par des personnages féminins très forts.).

On se demande souvent comment un auteur peut imaginer un pitch aussi tordu que celui du film que vous venez de voir. Pour Thomas McCarthy, tout est parti… d’une conversation surréaliste. Juste après la présentation de The Pact, son premier film donc, au Festival de Sundance, le réalisateur rentre à son hôtel et le taxi qui le ramène engage la discussion. McCarthy se présente et parle de The Pact. Pact ? Comme un pacte avec le diable ? demande le chauffeur. Non, The Pact n’est absolument pas une histoire de possession, mais plutôt de fantôme du passé et d’assassinats. Le taxi, chilien, lui raconte alors que lorsqu’il était adolescent, des amis l’avaient exhorté à vendre son âme au Diable via tout un rituel. Pour rigoler. Mais lorsqu’il rentra chez lui et qu’il s’installa à la cuisine, il entendit quelqu’un l’appeler doucement, par son nom, de l’autre bout de la maison. Il fouilla chaque pièce de fond en comble. Mais il n’y avait personne. La présence du diable ? Peut-être bien. McCarthy, médusé par cette histoire et le sentiment de réel qu’elle dégageait, trouva ainsi l’inspiration pour At The Devil’s Door.

Après The Pact, tiré d’un de ses précédents courts métrages, et qui rapporta au box-office mondial 18 fois sa mise initiale de 400 000 dollars, McCarthy a eu le choix : vendre son talent visuel au plus offrant ou suivre les pas de ses idoles, comme John Carpenter notamment, et tenter de garder son intégrité en écrivant lui-même ses propres longs métrages. Il a donc préféré passer la main pour The Pact 2 mis en production rapidement après le succès du premier et s’atteler à At The Devil’s Door, un pur film d’auteur qu’il a tourné en Californie mais écrit du fin fond d’une cabane dans les bois. Monsieur aime se faire peur.

Si Catalina Sandino Moreno, qui interprète Leigh dans le film, a une carrière longue comme mon bras – citons le diptyque Che de Soderbergh, A Most Violent Year de J.C. Chandor ou la série américaine The Bridge –, la jeune Naya Rivera est rare au cinéma. Il faut dire qu’à l’époque du tournage de At The Devil’s Door, elle est accaparée une bonne partie de l’année par la comédie musicale Glee, dans laquelle elle joue la gentille pimbêche Santana et donne de sa voix d’or sur des reprises qui ont fait l’indéniable popularité de la série. Un vrai problème pour Thomas McCarthy car Naya devait contractuellement ménager ses cordes vocales. Pour la scream queen, on repassera. Le tournage de la seule scène où l’actrice devait hurler de peur a donc été réservé à la toute fin du planning, c’était le dernier plan mis en boîte, juste avant que l’équipe ne remballe son barnum. 

J’ai regardé ce film d’horreur sans rien lire du résumé, sans n’avoir lu aucune critique, et je dois avouer avoir été réellement bluffé par ce petit film de genre dont je n’attendais absolument rien. Encore une fois, c’est du côté de la DTV (Direct To Video) ...