ANGÈLE en VOD
- De
- 1934
- 143 mn
- Drame
- France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Considéré comme l’un des meilleurs films de Marcel Pagnol, Angèle est aussi l’un de ses premiers, et peut-être son plus intemporel. Il place en son centre une jeune femme irréprochable pour l’époque : une figure angélique qui reste à l’écart des hommes, travaille dans la ferme familiale et s’entend à merveille avec ses parents. Mais cet équilibre est rompu lorsque Louis, garçon de la ville s’avérant être un proxénète, l’emmène à Marseille et la prostitue.
Adaptant le roman Un de Baumugnes de Jean Giono, Pagnol signe avec Angèle un anti-Cendrillon. Il emprunte au drame shakespearien et livre un faux conte, dans lequel la jeune fille lutte pour retrouver l’harmonie familiale perdue lorsqu’elle a rejoint la cité Phocéenne (quasiment présentée comme une antagoniste, terre de débauche et de toxicité). Sorti il y a quasiment un siècle, le long-métrage rend compte des conditions de vie des paysans de l’époque, opposant le charme de la campagne au vrombissement de la ville. Originaire d’Aubagne, Pagnol filme avec amour et délicatesse sa Provence natale, ses collines baignées de soleil et son accent plein de charme.
Ce mélodrame se distingue surtout par sa modernité, dénonçant l’hypocrisie sociale stigmatisant chaque femme s’octroyant un semblant de liberté. En cela, le personnage de Fernandel, Saturnin, est central. Gauche, benêt et d’une naïveté touchante, cet homme à tout faire incarne le progrès, permis par un amour inconditionnel pour les siens. Grâce à son jeu tout en nuances qui l’éloigne de ses rôles principalement comiques à cette époque, Fernandel donne vie à ce personnage dont la bonté infinie est à peine crédible. Saturnin symbolise le pardon, invitant ses proches à bannir le jugement et à avancer en tant que société.
Pagnol offre à ses protagonistes des dialogues d’une grande poésie, gardant constamment les corps au centre de son objectif. Parce qu’Angèle est avant tout une histoire d’humains qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour affronter la tragédie qu’ils traversent. Les personnages caricaturaux renforcent l’émotion du film, révélateur d’un monde qui juge constamment les femmes au lieu de les écouter. Mais au lieu de simplement dénoncer, Pagnol aborde son sujet dramatique à travers un humour mordant et une profonde réflexion sur le vivre ensemble.