AMER

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Pour leur premier long métrage, Hélène Cattet et Bruno Forzani ont rendu un hommage ultra fétichiste aux giallos, ces polars italiens des années 60/70 basés sur les meurtres à l’arme blanche, l’érotisme pop et les couleurs criardes dont Mario Bava et Dario Argento étaient les chantres. Film totalement à part dans la nouvelle vague des films fantastiques français lancée au début des années 2000 par le Promenons nous dans les bois de Lionel Delplanque, Amer est, osons le dire, un fascinant ovni.

Une véritable déclaration d’amour au genre où l’on suit les moments clés de la vie d’une femme à travers trois étapes importantes de sa vie. Lorsqu’elle est enfant, lorsqu’elle est ado et lorsqu’elle est adulte. Faisant fi d’une narration traditionnelle, Cattet et Forzani ont délibérément insisté sur le côté sensitif du film en mixant troubles de la sexualité, fantasmes morbides, et meurtres graphiques directement hérités des classiques du giallo comme les Frissons de l’angoisse ou Six femmes pour l’assassin.

Reprenant quelques effets techniques propres au cinéma de genre européen des années 70 (macro plans, split screen, zoom, montage parallèle) qui servent une ambiance à la fois charnelle et cauchemardesque, Amer, tout comme le Eraserheard de David Lynch, semble avoir été réalisé à l’intérieur même d’un rêve. Une expérience cinématographique aussi arty que culottée. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES FRISSONS DE L'ANGOISSE ou encore DERRIÈRE LA PORTE VERTE .

Avant de réaliser Amer, leur premier long métrage, Hélène Cattet et Bruno Forzani avaient déjà rendu hommage au giallo avec leurs courts métrages l’Etrange portrait de la dame en jaune et Chambre jaune. Jaune étant, rappelons le, la traduction française littérale du mot « giallo ».

C’est donc grâce à l’association entre la société de production Tobina Film dirigée par l’ultra cinéphage François Cognard, ex journaliste au magazine Starfix et au Journal du cinéma de Canal Plus et Eve Commenge, productrice belge de Anonyme Films, qu’Amer a pu voir le jour pour un budget franchement riquiqui de 700 000 euros. Un pari osé pour ce projet aussi casse gueule qu’atypique mais qui, au final, a très vite gagné ses galons de grand film déviant. Malgré sa sortie française scandaleusement furtive sur trois copies le 3 mars 2010, Amer a été projeté dans une quarantaine de festivals à travers le monde ou il a obtenu diverses récompenses comme le prix de la mise en scène au festival du film fantastique de Malaga ou le Grand Prix du Festival International de Copenhague.

Les jury respectifs ayant aussi été certainement sensibles à la magnifique bande originale d’Amer qui emprunte quelques thèmes entêtants de classiques méconnus du giallo italien comme La Queue du scorpion et La Tarentule au ventre noir .

Lors de sa sortie, cet objet cinématographique inclassable a tellement déconcerté et divisé la critique que certains ont volontiers déclaré que ce film "expérimental" avait davantage sa place dans les musées que sur les écrans de nos salles de cinéma. Une façon de l'ostraciser ...

Pas facile de raconter Amer, ses créateurs Hélène Cattet et Bruno Forzani ayant décidé de bannir presque intégralement le verbe de leur premier long-métrage. Un choix audacieux pour un film qui ne l'est pas moins, tant Amer se voit, s'écoute et se ressent comme un souvenir. ...

Au point de vue formel, ce premier film est passionnant et on ne peut que le saluer en tant qu'objet purement artistique, le travail étant impressionnant dans les détails, aussi bien picturaux que sonores, du moindre plan. Si ce projet artistique réussissait à rejoindre, comme ...