11 MINUTES 9 SECONDES 1 IMAGE SEPTEMBER 11

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Ce titre énigmatique, variation sur la date de l’attentat contre les Twin Towers de New York, est celui d’un film collectif réunissant onze courts métrages signés par autant de réalisateurs.

L’idée de ce  projet revient au producteur Alain Brigand qui a proposé à des cinéastes de renom de croiser leurs regards, au travers de leurs cultures, leurs mémoires, leurs histoires, leurs langues. Comme il l’explique "le postulat de départ était le suivant : exprimez-vous dans un film d’une durée de onze minutes, neuf secondes et une image autour des événements du 11 septembre et de leurs conséquences." Parmi les cinéastes qui ont répondu présents figurent l’Iranienne Samira Makhmalbaf, le Français Claude Lelouch, l’Égyptien Youssef Chahine, le  Burkinabé Idrissa Ouedraogo, le Britannique Ken Loach ou encore l'Américain Sean Penn...

Chacun d’eux a traité le sujet selon sa sensibilité et en toute liberté. Au final, cette oeuvre est sortie en salles un an jour pour jour après l’attentat du 11 septembre 2001 et a été récompensée par le prix de l’UNESCO à la Mostra de Venise en 2002.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOIN DU VIETNAM (Un film collectif autour d'un thème d'actualité politique.) ou encore WORLD TRADE CENTER (Deux policiers newyorkais bloqués sous les décombres des tours le 11 septembre 2001.Inspiré d'une histoire vraie.).

11 Minutes 9 Secondes 1 image propose une mosaïque cinématographique contrastée reflétant des points de vue différents exprimés sur des registres variés. La richesse du film tient dans cette diversité et chacun des cinéastes nous invite à sa façon à réfléchir à la complexité du monde. Certains optent pour une approche plutôt intime. Sean Penn, par exemple, offre à Ernest Borgnine, autrefois l’interprète des Douze Salopars et de La Horde Sauvage, le rôle d’un vieillard solitaire vivant à l’ombre des tours jumelles. Claude Lelouch travaille, lui, la question de la perte à travers le silence dans lequel baigne le personnage joué par Emmanuelle Laborit. Centrée sur la douleur d’un échec amoureux, la jeune femme sourde et muette est coupée du drame qui se déroule à l’extérieur, non loin de l’appartement.

Plusieurs cinéastes mettent en résonance l’événement du 11 septembre 2001 avec d’autres tragédies. C’est le cas de Ken Loach avec le coup d’Etat de Pinochet au Chili, ou de Youssef Chahine avec le conflit israélo-palestinien, ou encore de Danis Tanovic avec le massacre de Srebrenica. L’Israélien Amos Gitai, avec un vrai-faux reportage sur un attentat commis à Tel-Aviv, livre une réflexion sur  la place des médias et signe à l’occasion un morceau de bravoure en forme de plan-séquence. Quant à l’étonnante fable du Japonais Shohei Imamura, avec la seconde guerre mondiale en toile de fond, elle se révèle une conclusion pertinente pour ce film.L’un des segments les plus frappants est celui du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu. Avant le tournage, le réalisateur de Babel, déclarait "Le 11 septembre, la réalité a tué la fiction. Mes mains tremblaient tandis que je voyais pour la première fois de ma vie 3000 personnes mourir en direct à la télévision. Nous avons tout vu. J’espère simplement que je parviendrai à exprimer une partie de ce que j’ai ressenti pendant cette journée". De fait, le cinéaste propose un écran noir entrecoupé de rares images de personnes tombant des tours ou de plans des bâtiments s’effondrant. En revanche, la bande son mêle une soixantaine de pistes : prières d’Indiens du Chiapas, commentaires des journalistes, appels téléphoniques des victimes... "Je pense que le son, le silence et la musique, même si ce n'est qu'un pan du cinéma, sont plus puissants, et se situent au-delà de l'expérience physique", commente le cinéaste.