TORI ET LOKITA

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Un gamin, une toute jeune fille, noirs de peau, débarqués de la lointaine Afrique, apprennent à survivre en Belgique, pays indifférent où il faut s’insérer tout en jouant les invisibles.

« Tori et Lokita » est un double portrait d’exil signé de Luc et Jean-Pierre Dardenne, qui aborde le thème du lumpen African prolétariat. Des enfants venus du Bénin et incarnés par Pablo Schils 12 ans et Joely Mbundu 17 ans , s’inventent une relation fraternelle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver REBELLE DE KIM NGUYEN (2012) (Ce film canadien évoque la tragédie des enfants soldats en Afrique subsaharienne, recrutés de force et contraints à des crimes contre leur propre famille pour être brisés et manipulés. La jeune actrice a reçu l'Ours d'argent pour son interprétation lors du festival de Berlin (2012).) ou encore VAS, VIS ET DEVIENS DE RADU MIHAILEANU (2005) (Le sacrifice d'une mère éthiopienne qui pour sauver son fils d'une vie misérable le fait passer pour orphelin et juif afin qu'il soit rapatrié en Israël comme de nombreux falashas (juifs éthiopiens). Peut-on en exil troquer sa culture et sa filiation pour un confort de vie ?).

Ils sont des « Mena » soit « mineurs étrangers nons accompagnés » dans le sabir de l’administration et donc les victimes potentielles des trafiquants de tous poils. Le film a été montré à Cannes 2022, où les Dardenne ont leur rond de serviette. Cette tragédie de l’émigration sauvage a permis à ses jeunes acteurs de monter les marches, et le film a reçu le prix spécial du 75e festival. Une sorte de prix de camaraderie.

Les dardennades sont toujours des récits à hauteur de pauvres. La fibre est sociale et naturaliste et le sujet éternel des frères belges est la damnation sur terre. Il suffit de se souvenir de leurs deux Palmes d’or à Cannes : «Rosetta » (1999) et  «L’enfant » (2005) qui ne faisaient pas dans la comédie burlesque.

Cette fois il s’agit des populations émigrées sans papier, précaires bien sûr avec le plaidoyer en faveur de ces réfugiés sociaux ou climatiques. Un cinéma humanitaire clairement revendiqué.

Le casting s’est fait parmi les jeunes Belges d’origine africaine. Pablo Schills, 12 ans au moment du tournage a gagné les essais haut la main. La jeune Joely qui, elle, avait 16 ans s’est rendue à un rendez-vous qu’avait pris pour elle une de ses amies. Parfois le destin choisit ses acteurs parmi les plus désinvoltes. Les deux apprentis-comédiens n’avaient jamais joué jusqu’alors. Le moins qu’on puisse dire est que le résultat est convaincant.

Tori et Lokita, deux jeunes réfugiés venant du Bénin tentent tant bien que mal de se frayer un chemin en Belgique où ils ont trouvés accueil. Les frères Dardenne déploient à l'écran l'essence même de leur cinéma. Un cinéma de la gestuelle et du suspens, sans ...

La démonstration est implacable : on aurait dû donner des papiers à Lokita. Un point c'est tout. Les Dardenne ont vraiment réussi leur coup. On reproche beaucoup au film d'être trop sombre mais c'est qu'on ne veut tout simplement pas prendre la mesure de l'injustice ...

J'aime les films des Dardenne car les corps, dans leurs films, paraissent toujours un peu plus grands, un peu plus petits, un peu plus fins, un peu plus gros que dans la vie. Il suffit de voir les acteurs parler du film en interview et c'est saisissant. Godard avait demandé ...