TOMBÉ DU CIEL en VOD
- De
- 2017
- 71 mn
- Comédie
- France | Liban
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le film de Wissam Charaf, c’est d’abord une affaire de fantôme et de revenant, comme le cinéma les adore depuis toujours. « Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre » peut-on lire dans les premiers instants du film tourné par Murnau en 1922, Nosferatu le vampire. Mais ici, on est plus proche du réjouissant film de Christian-Jaque, Un revenant, avec Louis Jouvet dans le rôle titre avec une situation de départ très proche : un homme revient dans sa ville natale, alors que chacun le croit disparu à jamais. C’est ainsi que l’ancien milicien Samir réapparait brutalement dans la vie de son petit frère Omar devenu garde du corps à Beyrouth. Comment se refaire une place quand tous semblent vous avoir oublié et que personne ou presque ne parait disposé à vous accueillir avec bienveillance ?
Pour raconter ce qui pourrait être un drame pur et simple, Charaf choisit au contraire, comme Christian-Jaque en son temps, les armes du burlesque, de l’ironie mordante et de la dérision. Comme l’écrit la cinéaste Julie Kowalski, on est alors à la croisée des chemins entre l’étrangeté et le loufoque, entre Aki Kaurismaki et Elia Suleiman. Le rire peut bien se figer de temps en temps, il n’en reste pas moins l’arme suprême de destruction massive d’un pessimisme dont on se dit parfois qu’il confine au réalisme.
Serait-on à l’étroit dans ce Beyrouth ravagé par la guerre civile entre 1975 et 1990 ? C’est bien ce que semble nous dire Wissam Charaf quand il choisit pour Tombé du ciel ce format dit 1.33, si singulier et désormais rare, autrement dit une image au format carré, à l’ancienne. Comme s’il s’agissait de rendre plus étouffante encore l’ambiance d’une ville à feu et à sang. On manque d’espace comme on manque de perspective et d’air tout simplement.
Qu’un conflit qui a duré quinze ans et causé la mort de 200 000 Libanais inspire encore et toujours les cinéastes et plus généralement les artistes, quoi de plus naturel en fait ? Né en 1973, soit deux ans avant le début de la guerre civile, Wissam Charaf prend le parti d’en rire comme on embrasse une religion : avec autant de foi que de doute. La mélancolie voire la tristesse et même le désespoir ne sont jamais vraiment très loin. Mais comment faire autrement quand, par exemple et entre autres incongruités, on croise sur sa route un concessionnaire qui apprend la langue de Goethe dans Mein Kampf en vue de partir travailler en Allemagne ? Décidément ce monde est fou, peut se dire Omar. Et nous avec.