FIN DE PARTIE en VOD
- De
- 2015
- 93 mn
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- Comédie
- Allemagne | Israël
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
L’euthanasie ou encore le suicide assisté sont des thèmes encore peu abordés dans le cinéma contemporain. Si on compte des films comme Million Dollar Baby, Avant Toi, Plan 75 ou même Mar Adentro, on peut difficilement en lister plus d’une quinzaine. Sujet tabou de société, l’euthanasie déchaine les débats politiques partout dans le monde. A l’heure actuelle 6 pays autorisent cette méthode, tandis que le suicide médicalement assisté commence doucement à se démocratiser. En Israël, pays très majoritairement juif et fortement imprégné par la religion, le sujet est d’autant plus tabou. Lorsqu’en 2014, un projet de loi sur l’euthanasie a été proposée, cette dernière a provoqué des levers de bouclier de la part des utraorthodoxes. Curieusement, c’est la même année que Fin de partie a été réalisé par le duo de cinéastes Tal Granit et Sharon Maymon. Situé dans un luxueux EHPAD, le film montre comment un petit groupe de seniors se liguent pour aider quelques proches souffrants à mettre fin à leur jour. Un geste politique de la part de ces deux observateurs de la société israélienne qui a dû causer quelques remous dans son payx d’origine.
Contrairement à la plupart des films réalisés sur cette thématique, Fin de partie joue la carte de la comédie. Dès les premières minutes, on assiste à un numéro du protagoniste, Ezéchiel, se servant d’un téléphone trafiqué par ses propres soins pour communiquer avec une autre des pensionnaires de l’EHPAD en se faisant passer pour Dieu. Une scène qui donne le ton d’un film oscillant entre l’humour caustique, parfois même noir, et des séquences plus dramatiques. Une légèreté que les deux cinéastes ont jugé utile pour faire passer le message politique du film. Parler des morts et du suicide assisté en faisant rire les spectateurs est comme un cheval de Troie, un moyen efficace pour ouvrir leur esprit.
Fin de partie n’est pas qu’un film drôle. Derrière sa façade humoristique, il y a aussi le récit poignant de personnages enfermés dans une vie monotone au sein de quatre murs qu’ils ne quittent quasiment jamais. Les visites sont rares, certains mentent à leurs proches sur leur orientation sexuelle, d’autres attendent inlassablement que la mort vienne les libérer. Impossible de ne pas s’attacher au quintet de petits vieux héroïques du film, qui s’improvisent en avengers de l’EHPAD. Et lorsque l’un des membres de cette fine équipe est touché par une maladie grave et en vient à demander de l’aide, le film nous touche en plein cœur. Après les rires viennent les larmes, et le dernier plan du film résonnera longtemps dans l’esprit du spectateur.
En dehors des qualités cinématographiques de Fin de partie, qui par son mélange d’amertume et de légèreté, et par sa lumière blafarde, rappelle le cinéma de Roy Andersson, le film touche par son authenticité. En lisant les interview des deux cinéastes, on en apprend sur la dimension personnelle du projet. Fruit d’un long travail d’écriture sur plus de 5 ans, les deux amis dans la vie ont conçu le film comme un témoignage. En effet, Tal Granit a vécu une expérience similaire avec son ex-compagnon, dont la grand-mère, âgée de 89 ans et atteinte d’un cancer en phase terminale, avait subi un acharnement thérapeutique pour la garder en vie. En résulte une œuvre universelle, qui a su émouvoir le public de la Giornate degli autori à la Mostra de Venise de 2014 qui lui a attribué le bien nommé Prix du public.