THE THIRD MURDER

en VOD

Couronné de la Palme d’Or au Festival de Cannes 2018 avec son treizième et sublime film, Une affaire de famille, Hirokazu Kore-eda est né le 6 juin 1962 à Tokyo. S’il se sent attiré vers l’écriture de romans puis de scenarios, lorsqu’il sort diplômé de l’Université de Waseda, au début des années 1990, il se spécialise dans les documentaires télévisés. En 1995, il signe son premier long métrage de fiction, Maborosi, immédiatement remarqué et couronné au Festival de Venise.

De After Life à Après la tempête en passant par Nobody knows, I wish, ou Notre petite sœur, ses films traitent de la mort et de la mémoire, de la famille et de l’enfance. Ce sont le plus souvent des chroniques profondément humanistes, traversées par la vie et le doute, le chagrin et l’amour, où l’on sent la patte du documentariste. C’est pourquoi son douzième film, The Third Murder a surpris les habitués du cinéma de Hirokazu Kore-eda, car celui-ci s’inscrit dans le genre du polar noir, avec son ouverture de nuit baignée de flammes où le spectateur voit de ses yeux se perpétrer un meurtre atroce.

L’histoire est celle de Misumi, un ouvrier jadis condamné pour un double meurtre et qui vient de tuer son patron. Un grand avocat reprend le dossier, non pour l’innocenter, puisque Misumi reconnaît le crime, mais pour lui éviter la peine de mort. A chacune de leurs entrevues, au parloir de la prison, le détenu modifie son témoignage. Le doute s’installe, et le film, tourné en format CinémaScope, baigné d’une lumière magnifique, se déploie en ondes de choc entre jour et nuit, entre prison et prétoire, il nous entraîne au Nord du Japon dans un paysage de neige, nous fait rencontrer une jeune boîteuse énigmatique en parka rouge, et nous embarque auprès d’êtres intranquilles, aux prises avec l’impossible vérité. The Third Murder ne juge ni ne tranche, et, en cela, ce remarquable polar de l’âme porte sans conteste la marque de Hirokazu Kore-eda.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE FAUX COUPABLE DE ALFRED HITCHCOCK (1956). (Film sur la justice qui navigue entre le vrai et le faux.) ou encore LA VILLA DE ROBERT GUÉDIGUIAN (2017) (Film en compétition au Festival de Venise 2017, hélas revenu bredouille, comme The Third Murder de Hirokazu Kore-eda.).

En CinémaScope, les faces à faces des deux acteurs principaux, séparés par la vitre du parloir ouvrent un champ infini de moments de jeu, troublants, envoûtants… Masaharu Fukuyama incarnait le père nanti dans Tel père tel fils de Hirokazu Kore-eda. Il tient ici avec une grande finesse le rôle de l’avocat Shigemori, tout en convictions peu à peu fissurées par les hypothèses faisant surface. Né à Nagasaki le 6 février 1969, auteur compositeur, il est une mégastar de la chanson dans son pays ; ses multiples talents incluent l’animation de shows radiophoniques et la photographie.

Dans le rôle du prévenu Takashi Misumi, on retrouve Kôji Yakusho, grand acteur japonais dont le visage en apparence impassible tourne en un clin d’œil à l’orage furibard. Les cinéphiles français le connaissent bien : il a été dirigé par Shohei Imamura dans L’Anguille, Palme d’Or au Festival de Cannes 1997 et De l’eau tiède sous un pont rouge (2001) ; il est aussi l’un des interprètes fétiches de Kioshi Kurosawa, avec huit films entre 1997 et 2008 : de Cure à Tokyo Sonata en passant par Charisma et Doppelganger.

Né le 1er janvier 1956 à Nagasaki, Koji Hashimoto tombe amoureux du théâtre en voyant une mise en scène des Bas fonds de Maxime Gorki. Il étudie auprès de Tatsuya Nakadai dans la très convoitée école Mumeijuku, et, sous le patronyme de Yakusho, devient célèbre dans son pays grâce à de nombreuses séries télévisées populaires, de la fin des années 1970 au milieu des années 1990. Au cinéma, Tampopo, le fameux « western-nouilles » de Jûzô Itami, puis Shall we dansu ? de Masayuki Suo, qui connut un remake américain, Shall we dance ?, avec Jennifer Lopez et Richard Gere dans le rôle tenu par Kôjio Hasimoto , font de lui un acteur très grand public ; il est aussi très demandé à l’international, tournant avec Rob Marshall dans Mémoires d’une geisha, ou Alejandro Iñarritu dans Babel.

Je n’avais pas l’intention d’écrire sur ce film mais cela s’est imposé à moi après la lecture de plusieurs critiques. Tout d’abord, tous ceux qui demandent à un film un divertissement qui les transporte grâce à une action trépidante peuvent passer leur chemin. ...

L'étrange paradoxe de ce film est qu'il parle deux heures durant de la question de la vérité tout en repoussant sans cesse l’émergence d'une vérité. Celle concernant le meurtre d'un patron d'entreprise par un de ses employés, un soir, aux abords du fleuve qui traverse ...

Deux hommes, de nuit, marchent sur les berges d’une rivière. Puis l’un d’eux sort un outil et fracasse le crâne du second, avant de mettre le feu au cadavre. Nous sommes dans la scène d’ouverture du film. normalement, au cinéma, ce type de scène chasse le doute dans ...