THE MOUNTAIN : UNE ODYSEE AMERICAINE

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Dans les années 1950, les sciences neurologiques, terrain de la médecine encore mystérieux, balbutient et les médecins qui s’y consacrent tâtonnent. Le Dr Wallace Fiennes, joué par Jeff Goldblum, est un pionnier de la lobotomie.

Il rencontre Andy, joué par Tye Sheridan, le fils d’une ancienne patiente présumée morte. Il le prend sous son aile, en fait son photographe et secrétaire officiel dans sa tournée des asiles, son terrain d’expérimentation.

Cinéma pointu, curieux et exigeant, The Mountain : une odyssée américaine, sélectionné au Festival de Venise en 2018 puis à Sundance en 2019, déroule son propre rythme vers une folie sourde et mélancolique. Un film qui ne laisse clairement pas indifférent.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A DANGEROUS METHOD (David Cronenberg s'attaque aux pionniers de la psychiatrie, Carl Jung et Sigmund Freud.) ou encore HER SMELL (Le film d'Alex Ross Perry était, lui aussi, présenté aux Champs Elysées Film Festival en 2019, comme THE MOUNTAIN qui y faisait sa grande avant-première française.).

The Mountain, bien que pure fiction, s’ancre dans une réalité médicale puisque le Dr Wallace Fiennes est inspiré par Walter Freeman, scientifique controversé. Ce petit-fils de médecin de guerre, rapidement attiré par la psychiatrie et la neurologie, expérimentera dans le domaine de la lobotomie. C’est lui qui, en 1941, opèrera Rosemary Kennedy, la sœur du futur président qui, selon ses proches, souffre de troubles du mental et de l’humeur. Après l’opération, elle restera dans un état quasi-végétatif. Sans avoir le moindre diplôme en chirurgie, Walter Freeman imaginera des procédures à base d’électrochoc pour tout anesthésiant et de pics à glace (on vous passe les détails) ; il arpentera l’Amérique pour prêcher ses méthodes et pratique ses interventions à domicile pour 25 dollars. Il perd finalement son droit d’exercer et meurt en 1972.

The Mountain est réalisé par Rick Alverson, figure du cinéma indépendant américain, beaucoup moins connu chez nous : pour preuve, The Mountain est le premier de ses films à sortir en France. Né en 1971 à Spokane dans l’État de Washington, il réalise avant The Mountain quatre films ultra indépendants. The Builder et New Jerusalem, respectivement en 2010 et 2011, abordent le fait d’être un immigrant en Amérique. Son troisième long métrage, The Comedy, tire le portrait d’un New Yorkais antipathique à souhait et Alverson gagne la réputation de faire un cinéma difficile et malaisant. En 2015, il met en scène Entertainment, qui suit un comédien de stand-up sans succès. Dans un second rôle, on retrouve déjà le jeune Tye Sheridan.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le long monologue en français et en anglais de Denis Lavant n’est absolument pas improvisé. Le réalisateur explique : « Son langage corporel est improvisé. C’est un performeur d’une grande rigueur. Les gens rejettent cette partie du film parce qu’on dirait ‘qu’il dit n’importe quoi’. On est loin de la vérité. Nous avions ce dernier monologue de 13 minutes et Lavant l’a totalement reproduit. Même dans le changement permanent entre les deux langues. Ces moments sont mis en scène et il a joué ce qui était écrit au mot près. C’est l’acteur le plus discipliné avec lequel j’ai pu travailler. »

Au son d’un air mécanique de boîte à musique, une patineuse tournoie, immobile, prise à la verticale par un objectif qui semble comme suspendu au-dessus d’elle. Le mouvement, supposé rapide, est figé par un ralenti extrême, qui confère à l’image les allures d’une ...