THE BLACK MARBLE

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Policier à Los Angeles pendant 14 ans, Joseph Wambaugh publie son premier roman en 1971, alors qu’il est encore sergent. Adapté l’année suivante par Richard Fleischer, le roman The New Centurions (Les flics ne dorment pas la nuit, en France) est un immense succès et Wambaugh quitte le terrain pour se consacrer à l’écriture. 

Souhaitant produire les adaptations de ses livres, il embauche un réalisateur alors inconnu, Harold Becker, qui réalise le très sombre The Onion Field (Tueurs de flics ) en 1979, à partir du roman de Wambaugh racontant l’histoire vraie de deux policiers kidnappés (et assassiné, pour l’un des deux) suite à un banal contrôle routier. 

Pour leur seconde association, Wambaugh et Becker misent sur le plus léger The Black Marble, même si, sous couvert de romance et de comédie, le roman et le film explorent le thème de la souffrance et de la déchéance liées au métier de policier, fil rouge des œuvres de l’ancien sergent du LAPD. Au casting on retrouve le moustachu Robert Foxworth dans le rôle du sergent alcoolique Valnikov. Juste après The Black Marble, il deviendra une star de la télévision en jouant Chase Gioberti dans le feuilleton Falcon Crest, sorte de Dallas viticole californien qui aura aussi révélé Lorenzo Lamas. Le rôle de la jolie sergent Zimmerman est interprété par Paula Prentiss, actrice célèbre pour ses rôles comiques dans les années 60, notamment dans Where the boys are (Henri Levin, 1960) ou Man’s favorite sport ? (Howard Hawks, 1964), mais qui n’hésite pas à faire quelques incursions dans le domaine de l’horreur avec le passionnant The Stepford Wives (Bryan Forbes, 1975) ou plus récemment I am the pretty thing that lives in the house (Osgood Perkins, 2016).

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ARME FATALE 3 (Pour le duo de flics improbable et le mélange de comédie policière et romantique !) ou encore FRIC-FRAC (Parce que le titre français de The Black Marble n'est pas Flics-Frac! par hasard: les deux films partagent des couples que tout oppose et surtout des héroïnes au caractère bien trempé.).

Le « black marble » du titre est expliqué par Natalie dans le film et désigne la « mauvaise pioche », que constitue a priori Valnikov, avant qu’il ne se révèle finalement (et avec quelques verres de vodka) romantique, sensible et tout à fait charmant. 

Le célèbre critique américain Roger Ebert souligne dans sa critique élogieuse du film, le mélange des tons et des genres, qui peut paraître déstabilisant, mais qui fait tout le charme de The Black Marble. Il décrit un film qui peut être « drôle, douloureux et romantique », parfois en même temps, comme en témoigne la scène tragi-comique et touchante de séduction sur fond de musique russe, ou la poursuite laborieuse entre Valnikov et Skinner, escaladant et retombant lourdement d’un box péniblement escaladé à l’autre. 

Cet équilibre délicat, on le retrouve aussi dans le casting surprenant. Face au couple Valnikov/Zimmerman, il ya Skinner, un toiletteur-éleveur canin accro aux jeux, incarné par Harry Dean Stanton, que Roger Ebert décrit ici comme le « vilain petit frère de Robert Mitchum », tant pour son jeu que pour son physique.  Second rôle de luxe, déjà pour Sam Peckinpah, David Lynch ou Monte Hellman, Stanton n’est pas la seule surprise du film. Dans The Black Marble, Harold Becker s’offre ainsi une figuration de luxe, piochée dans les rôles principaux de son film précédent The Onion Field. Le temps d’un plan fugace, lorsque le personnage passe dans un rai de lumière, on reconnait ainsi Christopher Lloyd en homme de main (le « doc » Emmett Brown de la trilogie Retour vers le futur). James Woods, le tueur de flic de The Onion Field (5 ans avant Videodrome) ponctue le film de ses apparitions en violoniste de rue, accompagnant de mélodies tremblotantes les états d’âme du duo de policiers.