TEL AVIV - BEYROUTH

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Dans Tel Aviv-Beyrouth, aucune de ces deux villes n’apparaît à l’écran. La réalisatrice israélienne Michale Boganim a choisi ce titre en reprenant l’appellation d’une ancienne ligne de chemin de fer en service du temps de l’occupation britannique, quand les trains circulaient entre ces deux cités. La frontière entre le Sud Liban et le Nord d’Israël est en effet au cœur de son film. 

Michale Boganim met en scène deux familles pendant la guerre israélo-libanaise. L’une est libanaise, l’autre israélienne. Chacune d’elles va voir sa vie radicalement  bouleversée par ce conflit de plus de vingt ans. Sous la forme d’une saga, Tel Aviv-Beyrouth retrace ces destins croisés entre 1984 et 2006. 

Le scénario déroule le récit à travers le regard de deux personnages féminins de chaque côté de la frontière. Deux femmes appelées à se rencontrer. Plutôt qu’un film de guerre, Tel Aviv-Beyrouth se donne comme une fresque intimiste où la question du déracinement est omniprésente, comme dans les documentaires de la cinéaste, Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise et Odessa… Odessa. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LEBANON (Quatre militaires israéliens dans un tank au coeur des combats pendant la guerre du Liban en 1982) ou encore ET MAINTENANT ON VA OÙ ? (Au Liban, des femmes s'organisent pour mettre fin aux conflits interconfessionnels qui déchirent leur village).

Le scénario de Tel Aviv-Beyrouth s’appuie sur des témoignages recueillis auprès de la  communauté libanaise installée dans le nord d’Israël, autour d’une église maronite. Michale Boganim a ainsi été sensibilisée à l’histoire de ces familles de soldats de l’armée du Sud-Liban qui ont combattu aux côtés des militaires israéliens avant d’être livrés à leur sort. Certains miliciens et leurs proches ont trouvé refuge en Israël mais sans pouvoir s’y faire une vraie place. Cette communauté, rejetée par son pays d’origine et oubliée par Israël, n’avait jamais été évoquée jusqu’ici par le cinéma. Le personnage de Tanya, déchirée entre son amour pour Kamal, son amour pour son père, et tourmentée par la nostalgie de sa terre natale, illustre le tragique de cette histoire. Pour Michale Boganim, il importait de la raconter des deux côtés de la frontière pour montrer « l’absurdité de cette ligne considérée comme infranchissable ».  

La comédienne Zalfa Seurat, qui incarne Tanya et que l’on a notamment vue dans Zero Dark Thirty, a été personnellement marquée par la guerre du Liban : elle est la fille du sociologue Michel Seurat, otage du Djihad islamique mort en captivité en 1986. À ses côtés, Myriam est campée par Sarah Adler, qui a joué aussi bien dans Notre musique de Godard que Tsili d’Amos Gitai. Plusieurs seconds rôles sont interprétés par des Libanais installés à Chypre où s’est déroulé le tournage. 

Lorsqu’elle écrivait le scénario, Michale Boganim écoutait souvent un morceau d’Avishai Cohen nommé « Arab Medley », et elle a eu envie de confier au célèbre jazzman la bande originale du film. Le compositeur avait déjà signé la B.O du Sens de la fête mais aussi de Et soudain tout le monde me manque. La réalisatrice lui a demandé une partition « inattendue, singulière, pas du tout dans le pathos ou la redondance, en évitant les violons et le piano ». Pour plusieurs scènes, dont celle de l’évacuation, il a même créé des ambiances sonores, sans musique. Au-delà de sa participation à la bande-son, le musicien interprète également le rôle d’Avishai. 

Trois moments de l'histoire tourmentée des relations entre Israël et le Liban à travers les destins croisés de deux familles qui apprennent à se connaître malgré elles dans un Sud-Liban qui vient d'être occupé par Tsahal en 1984 pour lutter contre le Hezbollah. ...

Je trouve ce film injustement sous-estimé sur SC : certes, les acteurs sont assez inégaux, mais la bande-son, avec ses musiques orientales nostalgiques, est superbe et l'atmosphère oppressante d'état de guerre permanent du proche-orient est parfaitement bien rendue. ...