SABRINA

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Les Larrabee sont une richissime famille d’industriels américains, vivant dans une somptueuse demeure possédant des dizaines de pièces d’habitation, toute une collection d’automobiles et une domesticité nombreuse. Parmi laquelle un chauffeur. Celui-ci a une fille, Sabrina, éperdument amoureuse du fils de famille, un noceur assez superficiel qui ne lui prête pas attention. Sabrina part dès lors se changer les idées à Paris. Et quand elle réapparaît deux ans plus tard, elle est devenue femme, la plus belle des femmes, qui attire tous les regards…

On l’aura compris, Sabrina est l’une de ces comédies sentimentales qu’Hollywood a longtemps affectionnées. Le film date de 1954. Dix ou quinze ans plus tôt, il aurait pu être signé Lubitsch, Cukor ou La Cava. Mais c’est bien Billy Wilder qui l’a réalisé, déviant sensiblement de son sillon habituel, teinté le plus souvent d’une ironie mordante, quand ce n’est pas d’un désespoir profond, comme l’atteste son chef d’œuvre, Sunset Boulevard. Ce qui n’empêche évidemment pas de retrouver dans le film quelques traits acérés que n’interdit absolument pas une élégance de tous les instants.

À noter qu’un remake a été fait, en 1995, par Sydney Pollack. Force est de reconnaître que l’on n’attendait pas le réalisateur d’On achève bien les chevaux, de Nos meilleures années et de Jeremiah Johnson sur ce terrain-là, mais le cinéaste avait évolué et Tootsie montré qu’il ne rechignait pas à faire rire, ou du moins sourire. Pour l’occasion Harrison Ford et Julia Ormond remplacent Humphrey Bogart et Audrey Hepburn. Pas certain que l’on y gagne vraiment au change, même si au passage on reçoit le renfort de Patrick Bruel.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CENDRILLON (La belle est remarquée par un prince, qui tombe amoureux d'elle.) ou encore MADAME ET SON CLOCHARD (C'est une comédie sentimentale hollywoodienne sous forme de mésalliance de classes.).

Pour qui connaît les films de Billy Wilder, qui le plus souvent pétillent, pour qui a vu Humphrey Bogart dans certains grands classiques du film noir, la première question était évidemment de savoir comment cela a collé entre eux. Disons-le tout net : ça n’a pas collé du tout. Billy Wilder aurait aimé faire tourner Cary Grant, le rôle était beaucoup plus dans ses cordes. Et Bogart regrettait que l’on n’ait pas demandé à sa femme, Lauren Bacall, d’interpréter le rôle-titre. Pas certain au demeurant que l’interprète du Grand Sommeil aurait convaincu en ingénue. Par ailleurs et pour parfaire la carte du Tendre, Bogie ne pouvait pas sentir William Holden et traitait volontiers Wilder de nazi. Bref, le tournage a été un régal…

Bogart était un grand acteur, quoique que Sabrina n’ait rien ajouté à sa gloire. Mais c’était un piètre critique : Billy Wilder était alors et reste aujourd’hui l’un des plus grands cinéastes d’Hollywood, dont on ne compte plus les chefs d’œuvre. Qu’il fasse des comédies, comme Certains l’aiment chaud ou Sept ans de réflexion, des drames passionnels, comme Sunset boulevard ou Assurance sur la mort ou des comédies sentimentales, comme Ariane ou La Garçonnière, le cinéaste excelle à brosser des personnages hauts en couleur peinant à apprivoiser un monde qui ne tourne pas très rond, sur lequel Wilder promène un regard sans haine mais gorgé d’une dérision stratosphérique.

Il était une fois dans leur opulente demeure de Glen Cove sur l'île de Long Island, la famille Larrabee et leurs domestiques. Pour sa dernière soirée avant de partir étudier la cuisine à Paris, Sabrina, la fille du chauffeur, importé d'Angleterre en même temps que la Rolls, ...

D'accord ce n'est pas la meilleur comédie de Billy Wilder (oh mais quel est ce film que l'on voit tout là-haut? Ne serait-ce pas La Garçonnière?), ok on frôle par moment la mièvrerie, bien sûr le français que je suis est encore une fois horrifié de ces maudits clichés ...

Pauvre Sabrina, pauvre innocente et amoureuse Sabrina, pauvre Sabrina qui ne rêve que de strass et de paillettes et qui remise son intelligence (celle du cœur) au placard face à un amour qui la rend aveugle. Raconté comme ça, le Sabrina de l’excellent Billy Wilder ne donne ...