POSSESSOR

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Posséder le corps d’un homme pour en faire un tueur, c’est un peu l’arme absolue. Mais si la tueuse professionnelle reste coincée dans un tueur sadique, c’est le début d’un enfer d’état, d’un enfer tout court.

Le film est signé d’un Cronenberg , pas le maître qu’on connait mais son propre fils. Les préoccupations sur l’âme, l’écorce humaine et la technologie, Brandon semble les avoir reçues en héritage. Pour son second film le jeune cinéaste s’affirme dans le thriller biotechnologique, avec, bien sûr la dimension morale.

Le film a remporté le grand prix du festival du cinéma fantastique de Gérardmer, même virtuel (le festival, pas le prix) c’est un signe qui ne trompe pas. On s’y laisse posséder par la britannique Andrea Riseborough et dominer par Jennifer Jason Leigh, fidèle au poste. Et, parfois, ça fait très mal…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH (1999) (Etre un autre, être un autre célèbre! Le grand rêve! Le premier long de Jonze est une allégorie facétieuse sur la découverte d'être l'autre et le business qu'on pourrait en tirer. Etrange et hilarant le film laisse rêveur...) ou encore THE HIDDEN (1987) (Monsieur et madame tout le monde se mettent à perpétrer des meurtres. Heureusement le policier qui enquête s'aperçoit qu'ils sont victimes eux-mêmes d'une entité qui s'empare de leur esprit. Une série B très divertissante avec une collection de corps qui renvoie la possession traditionnelle à un gadget.).

Il est intéressant de noter que l’initiatrice et la manipulatrice de Possessor sont des femmes, cachées derrière leurs fonctions quasi militaires. La femme donne la vie et pour le coup la reprend. Elle est la maîtresse des corps. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un film de la revanche du genre mais on y pense un peu quand même. L’oeuvre, au-delà de la marque du père, trouve ses références : c’est un peu comme si Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze (1999) rencontrait American Psycho de Mary Harron (2000).

Brandon Cronenberg avait prévenu qu’on devrait compter avec lui dès son premier film Antiviral en 2012, où les gens se faisaient injecter les maladies des stars qu’ils admiraient. Une fable masochiste, très cronenbergienne. Auparavant il aura fait une école de cinéma et travaillé sur les effets spéciaux d’Existenz de papa. Adolescent, il avait été peu concerné par les films de son père, mais avait fini par rôder autour d’eux. Et cela, selon ses dires, alors qu’il était passionné par la science et la biologie, lui a montré ce qu’il y avait d’humain, trop ou pas assez dans l’oeuvre paternelle. A ce propos on rappellera que le titre du film Possessor, dur à traduire littéralement est un mélange de « professeur » et « possédant ».

Le jeune cinéaste a par ailleurs et parmi ses inspirations cité Opera de Dario Argento. Le grand metteur en scène italien ne détesterait sans doute pas l’ambition transsexuelle du film : voir une femme prisonnière du corps d’un homme. On mentionnera aussi la performance d’Andrea Riseborough, que l’on vit aux côtés de Tom Cruise dans Oblivion de Joseph Kosinski (2013) ou de Michael Keaton dans Birdman de Alejandro González Iñárritu (2014). A l’arrivée se détachant doucement de l’influence de David, on a de bonnes raisons de penser que Brando Cronenberg n’est pas un clone.

Le nom est sans doute lourd à porter, mais le jeune réalisateur arrive à s’en détacher pour faire de son film, une oeuvre tenace qui n’a pas froid aux yeux. Après Antiviral qui nous proposait une société où l’on pouvait s’injecter les virus ayant contaminé les ...

Nous pouvions le sentir revenir plus grand et plus ambitieux, à la suite d’un « Antiviral » qui a manqué de nous convaincre totalement. Pourtant, Brandon Cronenberg se dresse de nouveau devant nous, avec un récit plus modeste, mais qui gagne en efficacité. Il aura bien ...

Deuxième essai pour le fils Cronenberg, plus concluant et abouti stylistiquement que le premier, Antiviral, et plus concluant même que les derniers films du père qui, lui, n’a rien fait de bon depuis A history of violence (qui remonte déjà à 2005). Possessor, à l’instar ...