NOS SOUVENIRS

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Présenté en compétition au 68e Festival de Cannes en 2015, le seizième long métrage de Gus Van Sant est basé sur un scénario signé Chris Sparling, auteur en 2010 du script très malin de Buried, réalisé par Rodrigo Cortes, avec Ryan Reynolds, qui narrait l’histoire d’un homme enfermé vivant dans un cercueil. Le point de départ de l’histoire de Nos souvenirs n’est pas moins macabre, il est inspiré d’un lieu mythique japonais, situé au pied du mont Fuji, la forêt d’Aokigahara, aussi appelée « la mer d’arbres » : le titre original du film est d’ailleurs The Sea of trees.

Dans cet endroit d’une beauté époustouflante, de nombreuses personnes se rendent chaque année pour mettre fin à leurs jours car la forêt en question est répertoriée par les désespérés du monde entier et considéré dans certains manuels de suicide comme le lieu idéal pour mourir.
Nos souvenirs est une sorte de voyage immobile dans un endroit extraordinaire où le personnage central, un mathématicien américain nommé Arthur Brennan, ivre de douleur et bien décidé à disparaître, rencontre un autre candidat au suicide, japonais et maladroit, qui le remet malgré lui sur la voie de la vie. Tandis que les deux hommes tournent en rond à la recherche d’une sortie dans cette prison peuplée d’arbres touffus et jonchée de corps inertes et de squelettes, des réminiscences du passé d’Arthur viennent en flash-back expliquer son état et compléter le puzzle pièce par pièce.

Ce conte philosophico-horrifique avec vue sur l’espoir se pique également de mysticisme et de religion. Si le résultat n’est pas à la hauteur de nos attentes, tout habitué du cinéma de Gus Van Sant, tout amoureux de Drugstore Cowboys, My own Private Idaho, Gerry, Elephant ou Last Days se passionnera à déceler ce qui, dans ce projet hollywoodien, ce mélo grand public sur les chemins sinueux de la rédemption, a pu attirer le réalisateur de Prête à tout, Will Hunting et autre Promised Land ; en quelques mots clés : deux personnages itinérants, un lieu unique et labyrinthique, une structure morcelée et la mort qui plane.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE COEUR RÉGULIER DE VANJA D’ALCANTARA (2016) (Un drame où il est question de dépression et de suicide, ainsi que d’un lieu spécifique et dédié, au Japon...) ou encore MIA MADRE DE NANNI MORETTI (2015) (Film italien d’un grand habitué de Cannes, présenté lui aussi en compétition au Festival 2015.).

Le spectre de la mort hante le cinéma de Gus Van Sant depuis les prémisses de sa filmographie et le court métrage Cinq manières de se suicider (1987) dans lequel il se met en scène en jeune homme cherchant des solutions tragicomiques pour une fin certaine. Le réalisateur nous entraîne ensuite dans les balades mortifères que sont Drugstore Cowboys et My own private Idaho, jusqu’à la chronique amoureuse de deux jeunes gens condamnés par le cancer de Restless, du portrait de l’arriviste meurtrière par procuration de Prête à tout à Psycho, remake plan par plan du Psychose d’Alfred Hitchcock, sans oublier Harvey Milk biographie du premier homme politique américain s’affichant gay dans les années 1970, qui mène un dur combat pour la communauté homosexuelle et meurt assassiné.

Au cœur (et au sommet) de son œuvre, dans les années 2000, il y a la «trilogie de la mort», formée par trois chefs d’œuvres de radicalité poétique et visuelle : Gerry, Elephant et Last Days. En 2002, Gerry suit les pas de deux amis partis en randonnée et perdus pour avoir voulu suivre un chemin de traverse, métaphore de la marge, puissante évocation de l’inéluctable, c’est un voyage que le spectateur est invité à vivre et ressentir : la chaleur et la soif, l’angoisse qui monte, la mort certaine mais pour qui ? Les deux ? Et si un seul s’en sort, lequel ? Est-ce si important, finalement, puisque les deux s’appellent Gerry ? Si un Gerry meurt, le Gerry qui reste se retrouve en enfer… L’enfer, c’est l’univers d’Elephant en 2003, inspiré par l’épouvantable tuerie du lycée de Columbine,  film déambulatoire qui suit une poignée d’élèves aux visages d’anges avant, pendant, et après l’inexplicable horreur. Palme d’or à Cannes, Elephant est un oxymore, un film vivant sur la mort, une plongée au cœur de l’adolescence, ses beautés et ses mystères, ses violences et ses pulsions.

Enfin, en 2005, le suicide de Blake, le personnage inspiré du chanteur du groupe Nirvana, Kurt Cobain, est inscrit dès les premières images de Last Days, alors que le personnage solitaire s’enfonce dans une forêt. Gus Van Sant a toujours cherché, en mélangeant les genres, en passant d’œuvres minimalistes à des gros films hollywoodiens, il a trouvé, souvent, et pour cela il lui sera beaucoup pardonné.

Très beau film dont les lenteurs rendent bien les situations et les sentiments de cette veuve éplorée, mère de 2 enfants qui se rapproche du meilleur ami du défunt qu'elle déteste, drogué et raté... rien n'est simple mais tout sonne vrai; le jeu des acteurs est époustouflant ...

Bon, c’est une évidence maintenant : j’adore Suzanne Bier. L’année précédente j’avais adoré son « After The Wedding », et là j’adore ses « Souvenirs brûlés ». J’ai l’impression qu’elle peut raconter ce qu’elle veut, elle a un tel rapport humain avec ...

Elle est veuve depuis peu de temps, d’un mariage heureux. Elle a perdu l’amour. Elle se débat avec ses enfants pour faire semblant de vivre. Il est toxicomane, a sombré d’une vie de cadre à celle d’une cloche, ponctuée d’une succession de tentatives de vivre et de ...