MATRIMONY'S SPEED LIMIT en VOD
- De
- 1913
- 12 mn
- Comédie
- Etats-Unis
- Tous publics
- VF - HD
Réalisé par
PARCE QUE
De la romance au western, en passant par le drame social, Alice Guy a touché à tout. Celle qui est considérée comme la première réalisatrice de l’histoire du cinéma, mais aussi la première productrice après son installation aux États-Unis en 1907, a signé plusieurs centaines de films. Matrimony’s speed limit, réalisé en 1913, est une pure comédie, virant souvent au slapstick, au rythme effréné. Buster Keaton s’en inspirera largement pour Les fiancées en folie, sorti en 1925, qui reprend exactement le même scénario.
Alice Guy part de l’histoire de Fraunie, jeune homme ruiné qui préfère quitter sa fiancée, Marian, plutôt qu’accepter son aide financière. Lorsqu’il reçoit un télégramme d’une lointaine tante qui lui promet de lui céder tout son argent s’il se marrie avant midi, Fraunie parcourt toute la ville pour trouver une femme à qui mettre la bague au doigt. Et c’est, bien sûr, cette course contre la montre qui donne à Matrimony’s speed limit son principal ressort comique. L’impatient provoque des refus agacés ou des malaises, et manque même de se faire casser la figure par un mari. Reprenant l’un des motifs récurrents de son cinéma, à savoir l’inversion des genres, Alice Guy fait de l’homme un désespéré et de la femme la petite maligne qui le sort de l’ornière.
Matrimony’s speed limit se distingue par l’utilisation d’un montage alterné intelligent, propice à traduire le sentiment d’urgence qui traverse les personnages du film. Les scènes de drague dans la rue, de plus en plus erratiques, sont entremêlées avec celles de Marian dans sa voiture, en route pour retrouver Fraunie avant qu’une autre femme lui dise oui. Des gros plans sur la montre à gousset du jeune homme, dont les minutes passent inexorablement, parachèvent le gros travail d’Alice Guy et la figuration du temps qui file.
Mais Matrimony’s speed limit est aussi un témoignage historique intéressant. L’un des gags du film se produit alors qu’il est quasiment midi et que Fraunie est sur le point d’obtenir enfin une réponse positive de la part d’une inconnue dans la rue. Le visage de celle-ci est recouvert d’un voile blanc. Lorsqu’elle le relève, Fraunie prend peur et s’enfuit en voyant qu’elle est noire. Un ressort de comédie raciste dans la plus pure tradition de l’époque (ce n’est pas une actrice noire qui joue le rôle, mais bien une blanche avec une blackface), qui renvoie au tabou des mariages mixtes au sein de la société américaine au début du XXe siècle.