LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX (1952)

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Le film à sketches, popularisé par l’Italie et très en vogue durant les décennies 1950 et 1960, se prête à merveille à l’évocation des sept péchés capitaux. Ils en inspirèrent au moins deux. Nous vous proposons celui de 1952, coproduction franco-italienne qui réunit à son générique deux cinéastes italiens, Eduardo De Filippo et Roberto Rossellini, et cinq Français, Jean Dréville, Yves Allégret, Carlo Rim, Claude Autant-Lara et Georges Lacombe.

La paresse, la luxure, l’envie, la gourmandise et l’orgueil ont droit à leur traitement isolé, tandis que l’avarice et la colère s’opposent dans une seule histoire, soit six sketches reliés par des séquences de liaison dans une fête foraine au cours de laquelle le bateleur Gérard Philipe incite les badauds à se débarrasser de leurs péchés dans un jeu de chamboule-tout qui débouchera avec malice sur un huitième péché, celui de l’imagination.

Ce genre est rarement réussi dans sa totalité. Un ou plusieurs sketches supportent mal la comparaison avec les plus réussis. On se plaît aux différences de registre et de ton, dues à divers scénaristes. Les Italiens réalisent deux contes cruels, inspirés d’Hervé Bazin et de Colette. Les meilleurs sketches français sont écrits par Jean Aurenche et Pierre Bost, en particulier celui de Claude Autant-Lara sur l’orgueil, vision cinglante de l’hypocrisie de la petite bourgeoisie de province. Michèle Morgan, Françoise Rosay et Jean Debucourt y sont remarquables, loin des naïves pitreries de Noël-Noël pour illustrer la paresse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PARADE EN SEPT NUITS (Film à sketches de Marc Allégret; comme Les 7 péchés capitaux, il comporte sept sketches.) ou encore LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX (Autre film à sketches sur le même thème, tourné en 1961.).

Le tournage a débuté fin septembre 1951 dans les studios Scalera de Rome pour s’achever mi-février avec le récit sur l’imagination, au moment où sortait sur les écrans une grande réussite du film à sketches, Le Plaisir de Max Ophüls. Le genre permet aux producteurs d’additionner autant de vedettes qu’il y a de sketches, rendant cet exercice très populaire. Malgré la faiblesse du sketch sur la paresse, vous aurez remarqué parmi les morts convoqués dans les registres de Saint Pierre le personnage vif et rouspéteur du Français, interprété par un acteur encore obscur mais déjà efficace de drôlerie : Louis de Funès.

Roberto Rossellini, auteur du sketch sur l’envie, est un habitué de l’exercice, qu’il aborde dès 1946 avec Païsa, signant ensuite les deux segments de L’Amore, puis des sketches isolés pour Nous les femmes, Amours d’une moitié de siècle et Rogopag. La comédie à l’italienne en fera un bon usage, pour des résultats parfois exceptionnels comme certains films entièrement réalisés par Dino Risi, maîtrisant l’unité des Monstres, de Une poule, un train et quelques monstres et de Sexe fou.

Même la Nouvelle Vague s’y essaie. Les 7 péchés capitaux font ainsi l’objet d’un film en 1961 par Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Claude Chabrol, Roger Vadim, Philippe de Broca, Edouard Molinaro et Sylvain Dhomme. On lui préférera sans doute l’unité et la liberté dont témoigne Paris vu par…

Un peu vieillot dans sa forme, on y traite cependant du fond et on pourrait ecrire à peu près le même film aujourd'hui. On y voit aussi quelques audaces et la conclusion n est pas sans intérêt. Bref, à découvrir et pas que pour sa distribution (et malgré ses défauts). ...