LES REINES DU DRAME en VOD
- De
- 2024
- 115 mn



- Comédie
- Belgique | France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Faire une grande histoire d’amour queer, musicale, tragique et comique. Voilà le (vaste) projet d’Alexis Langlois pour son premier long-métrage. Présenté dans la sélection de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 2024, Les reines du drame (traduction littérale en français de l’expression « drama queens ») raconte la relation tumultueuse, dans les années 2000-2010, d’une star de la pop, Mimi Madamour, et d’une chanteuse punk, Billie Kohler. L’occasion de digérer toutes les références cultes de cette décennie prolifique, de Lorie à Britney Spears, en passant par les séries de la trilogie du samedi.
Alexis Langlois ne se contente cependant pas de recracher une époque vécue avec nostalgie. Les reines du drame est un film ultra-référencé mais toujours inventif, qui juxtapose plusieurs régimes d’images, du YouTube des années 2050 (l’histoire est racontée dans le futur par un influenceur groupie botoxé délicieusement incarné par Bilal Hassani) aux clips des années 1980, en passant bien sûr par l’esthétique lolita du début du XXIe siècle. Entre une scène en club qui rappelle, entre autres, la danse culte de Basic Instinct, l’ombre de Phantom of the paradise qui plane en permanence et des clins d'œil aux films des années 1950, on sent chez Langlois un amour débordant pour tous les cinémas. En poussant tous les curseurs à fond, sans avoir peur du trop ni du ridicule, Les reines du drame se pose aussi comme un modèle du septième art camp, dans la lignée du travail d’un Gregg Araki ou d’un John Waters.
Le film est aussi un travail d’autopsie du star-système. Via le personnage de Mimi Madamour, embarqué dans un télé-crochet qui rappelle bien sûr La Nouvelle star, Alexis Langlois raconte les nombreuses injonctions qui pesaient à l’époque – et pèsent encore beaucoup – sur les chanteuses : la contrainte de surperformer leur féminité, le mépris généralisé pour les genres musicaux underground ou encore l’impossibilité totale d’affirmer une identité queer dans ce milieu. Et le Youtubeur beaucoup trop intense qui poursuit la starlette invite les spectateurs à s’interroger sur leur rapport parfois malsain avec les stars.
Mais Alexis Langlois entreprend aussi une vaste entreprise de réhabilitation. Réhabilitation des corps différents d’abord, avec l’emploi dans le rôle d’une lesbienne butch de Gio Ventura, acteur trans, ou de plusieurs artistes drags pour les personnages secondaires. Réhabilitation, aussi, des chanteuses injustement méprisées (« Sans les Spices Girls, je n’aurais jamais lu Monique Wittig », balance Billie Kohler). Réhabilitation, enfin, des stars vieillissantes, que l’on dit ringardes et qui tombent dans l’oubli, voire la précarité. C’est à toutes ces célébrités adulées puis lynchées qu’Alexis Langlois rend hommage dans ce film excessif et virevoltant, qui ne ressemble à aucun autre.