LES AMANDIERS

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Quand vous parlez avec des comédiens, l’évocation de leurs débuts résonne toujours comme un délicieux moment nostalgique. Pour celles et ceux qui sont passés par une école, c’est l’évocation de premiers pas sur les planches ou sur un plateau, des cours de théâtre, de la course au casting et des amitiés qui durent... Voilà ce que raconte le film de Valeria Bruni-Tedeschi.

« Les amandiers » nous replonge dans les années 80 à Nanterre, là où Patrice Chéreau et Pierre Romans eurent l’idée de fonder un théâtre qui devait former une génération entière d’acteurs et d’actrices. Dans un contexte politique et social tourmenté mais fécond, ces jeunes gens se sont retrouvés empotés par un tourbillon d’émotions, de rencontres, d’occasions et de passions...

Sept fois nommé aux César 2023, le film révèle au passage plusieurs nouveaux visages qui compteront dans les années qui viennent, à commencer par celui de Nadia Tereszkiewicz, éblouissante de fraîcheur et d’énergie dans le rôle de Stella. A noter également l’incarnation de Chéreau par Louis Garrel...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SUPREME (Que ce soit dans la musique ou le théâtre, les années 80 ont marqué un tournant : celui de l'art qui rencontrait son époque, plus violente, plus rude, plus incertaine. Un temps de libertés et d'espoirs...) ou encore EDMOND (Une troupe de théâtre qui cherche, doute, essaye, c'est un merveilleux matériau de cinéma...).

Patrice Chéreau était né pour le théâtre... Dès le lycée, le jeune Parisien se lance dans la mise en scène de spectacles avec ses camarades de classe. A 22 ans seulement, il prend la tête du Theâtre de Sartrouville où mai 68 le pousse à politiser ses projets, sans pour autant délaisser Marivaux ou Labiche. Son amour des planches le mènera en Italie, à Marseille, à Villeurbanne, à Lyon puis à Paris où on l’adoube en le comparant à Brecht et Artaud. Mais Patrice Chéreau s’intéresse aussi au cinéma, qu’il considère comme le moyen le plus honnête de représenter les tourments de l’âme humaine.

En 1974 il adapte « La chair de l’orchidée », le roman de James Hadley Chase, confiant à Charlotte Rampling le rôle d’une riche héritière dont la tante utilise tous les moyens pour la déposséder de sa fortune, quitte à vouloir la supprimer... Au générique également, Simone Signoret que l’on retrouve en tête d’affiche quatre ans plus tard dans « Judith Therpauve » en propriétaire d’un journal à la dérive, convoité par un homme d’affaire sans scrupules. En 1983, Patrice Chéreau obtient le César du meilleur scénario, (avec Hervé Guibert), pour « L’homme blessé » où Jean-Hugues Anglade interprète un jeune ouvrier décidant de se prostituer par amour pour un homme plus âgé que lui, rencontré par hasard... Homosexuel assumé et militant, Chéreau ponctuera son œuvre de références à la culture et aux problématiques de la communauté gay, notamment dans « Ceux qui m’aimeront prendront le train » en 1998, « Intimité » en 2000, « Son frère » en 2003 et « Persécution » son ultime film en 2009, quatre ans avant sa mort...

Au milieu de ces films très personnels, le réalisateur se retrouvera aussi aux commandes d’une superproduction de 140 millions de francs, (une fortune à l’époque) : « La reine Margot », adapté du roman d’Alexandre Dumas. Cette évocation d’une Cour de France gangrenée par la guerre entre protestants et catholiques est une fresque vibrante et violente, de laquelle émergent tous les grands noms du cinéma de l’époque : Isabelle Adjani et Daniel Auteuil en tête...

J'étais à l'Avant-Première du film, au tout premier rang comme souvent, et j'ai donc eu, le temps de sa présentation, Valéria Bruni-Tedeschi (VBT) à quelque quatre mètres de moi. Elle n'a d'ailleurs pas dit grand chose, sinon : « Le film représente ...

Valeria Bruni-Tedeschi n’en aura vraisemblablement jamais fini de parler d’elle-même. Sans ordre chronologique, son œuvre autobiographique s’attache, avec les Amandiers, à une période de sa jeunesse qui pourra transcender les questions un peu plus nombrilistes qui l’agitent ...

En mêlant, sans cesse, dans son travail, la réalité de son vécu et la fiction, Valeria Bruni Tedeschi joue à un jeu délicat qui, par le passé, a pu laissé parfois un goût amer dans la bouche, une sorte de gène assez désagréable. Mais ici, avec son cinquième film, le ...