PETITE SOEUR

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Parce que son frère jumeau, un acteur respecté, est malade, une femme se bat pour qu’il puisse continuer à jouer. Comme son titre l’indique « Petite soeur » traite de l’amour générationnel et de la prévention contre la mort par le travail artistique. 

Ce film suisse, de langue allemande, est sorti en 2020 après avoir fait quelques bruits à la Berlinale. Il est signé d’un tandem de réalisatrices, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, un tandem qui vient de l’écriture et de la scène théâtrale. 

La belle Nina Hoss joue Lisa, la dramaturge embourgeoisée et Lars Eidinger incarne son frère, l’acteur qui veut jouer jusqu’au bout de la vie. Deux comédiens allemands de haute intensité qui vont nous tirer des larmes. Et puis la grande Marthe Keller est là, dans un rôle quelque peu inattendu. Le cinéma suisse est de retour et il est féminin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FAUX-SEMBLANTS DE DAVID CRONENBERG (1988) (Le film de jumeau, dans la version Cronenberg qui mène l'individu à la folie dans le refus du double. Un film très perturbant sur l'autre, avec dans les deux rôles l'exceptionnelle composition de Jeremy Irons.) ou encore VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU DE ALAIN RESNAIS (2012) (Le théâtre par-delà la mort, où comment un metteur en scène défunt a provoqué la réunion de quelques-uns de ses proches, artistes, pour assister à la projection d'un spectacle. Alain Resnais grand prestidigitateur du cinéma convoque l'au-delà dans son avant-dernier film, une forme de conjuration.).

Stéphanie Chuat et Véronique Reymond sont des fausses soeurs et de vraies amies fusionnelles. Elle se sont rencontrées à l’école, elles avaient 10 ans, l’âge où l’on rêve à haute voix, puis, de l’enfance à l’âge adulte, ont construit une oeuvre commune. Comédiennes par nature, elles ont d’abord fondé la compagnie « Switch » qui, dans un joyeux capharnaüm, mélangeait théâtre, musique et cinéma. Tout naturellement, elles sont passées à la réalisation de courts métrages, puis de documentaires. En 2011 elles réalisent leur premier long métrage « La petite chambre » (avec Michel Bouquet) qui sera remarqué à Locarno. Puis elles écrivent sur une série pour la télé suisse. 

« Petite soeur », leur second film de long métrage, relate allégoriquement leur exceptionnel lien d’amitié créative. Tout de suite, elles ont voulu, pour le personnage de Lisa, Nina Hoss, star en Allemagne et qui s’est taillé une réputation internationale grâce à sa présence dans les trois dernières saisons de la série américaine Homeland. Le cinéma fait bien les choses. Un jour qu’elles faisaient du shopping elles sont tombées sur l’actrice et lui ont exposé leur projet. Trois jours plus tard elle les a recontactées et, grâce à elle, l’aventure a pu commencer. 

Petite soeur est un film sur le deuil alors que pour un des protagonistes la mort est promise. C’est surtout un film sur la vie par le biais de la gémellité, du double donc et du théâtre pour finir. Le héros trouve des résonances chez la petite soeur qui est aussi dramaturge et pourrait lui fournir le texte de son dernier combat. Cette réflexion sur le caractère curatif de la création est au coeur de l’oeuvre et les deux femmes l’ont pensée ainsi. Il semblerait que le cinéma au féminin mette les bouchées doubles.

Après nous avoir bouleversés, ravis, réjouis, avec leur documentaire audacieux et sensible dressant une série de portraits féminins, « Les Dames, Encore Femmes » (2020), les deux réalisatrices helvètes, Véronique Reymond et Stéphanie Chuat, nous enchantent une nouvelle ...

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