ACTRICES

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Je me souviens, je m’étais fait un peu tirer l’oreille pour aller le voir, celui-là. Ca avait un petit peu l’air d’un film de filles... comme disent les mecs. Et d’ailleurs, ça l’est sans doute. Un film de pauvre petite fille riche (elle vit sur l’Ile St  Louis mais elle a sa mère italienne sur le dos), toute vibrante de théâtre subventionné (elle parle à son canapé quand elle se croit seule sur scène), qui se retrouve confrontée, à 40 ans et toujours pas d’enfant, à un drôle de truc : les autres.

C’est ainsi que, passée la mise en place déconcertante, on se rend compte qu’on est en train d’assister à une comédie.
Une comédie drôle et compliquée (et d’ailleurs drôle parce qu’elle est compliquée), à la fois super casse-gueule et génialement interprétée ; même si j’imagine que l’ingénieur du son chargé de capter les murmures de Valeria Bruni Tedeschi a du faire une forte dépression à la fin du tournage.

Alors une comédie dans l’univers du théâtre, on est reparti pour Le Goût des Autres de Bacri & Jaoui ? Oui mais non. La ressemblance, il faudrait plutôt la chercher du côté d’Adaptation, l’excellent film de Spike Jonze où Nicolas Cage est à la fois un auteur et son personnage : ici, chaque comédien change de personnalité sans prévenir, jonglant sans cesse entre trois rôles :  son rôle dans le film, son rôle dans la pièce et son rôle dans la vie quand le personnage s’empare du comédien.
Et ça, c’est pas un film de filles. Les garçons n’ont qu’à bien se tenir (Chaprot, qu’est-ce que je viens de dire ?).

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN CONTE DE NOËL ou encore LE GOÛT DES AUTRES .

Après Il est plus facile pour un chameau…, en 2003, c’est donc le deuxième film de Valeria Bruni-Tedeschi réalisatrice. Et comme pour le premier, elle a écrit le scénario avec Noémie Lvovsky, scénariste & réalisatrice elle-même (Oublie-moi, Les Sentiments) et qui a gagné là ses galons d’actrice ayant pignon sur rue. Pour ce rôle de Nathalie, elle a même été nommée pour le César 2007 du second rôle. A noter que lors de cette cérémonie, Mathieu Amalric, lui, a bien obtenu le César du meilleur acteur, mais c’était pour son rôle dans Le Scaphandre et le Papillon.

Quant à Valeria, elle est ici dans son élément puisque oui, sa famille est italienne, non, ils n’ont aucun problème d’argent et oui, elle a suivi les cours du théâtre des Amandiers, à Nanterre, et elle y a joué des auteurs russes sous la direction de Patrice Chereau (avant qu’il ne prenne les traits de Mathieu Amalric). Autre clin d’œil à une grande figure, ou plutôt une sacrée « gueule », du théatre français : c’est Maurice Garrel qui interprète le fantôme du père de Valeria. Maurice Garrel, père du cinéaste Philippe Garrel (auteur des Amants réguliers), lui-même père de Louis, Garrel toujours, qui incarne ici Eric, le bel acteur, jeune et ténébreux.