Il y a fort à parier que si Le Traître n’était pas sorti la même année que Douleur et Gloire de Pedro Almodovar, Pierfrancesco Favino aurait raflé le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2019. Coiffé au poteau par Antonio Banderas, l’acteur – qui incarne Tommaso Buscetta – a fait forte impression sur la Croisette, alors que le film était présenté en sélection officielle et en compétition. En Italie, Le Traître a raflé le Globe d’or, récompense décernée par la presse. Ensuite, razzia totale sur les David Di Donatello, les César italiens avec six prix : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleur scénario original et Meilleur montage. Par ailleurs, c’est Le Traître que l’Italie a retenu pour la représenter aux Oscars, mais il n’a pas atteint la shortlist finale. Le film a également été nommé au César du Meilleur film étranger.
Dans Paris Match, Pierfrancesco Favino revient sur la manière dont il est arrivé sur le projet Le Traître et affirme que « ce n’est pas Marco Bellocchio qui [l]’a contacté mais [lui] qui [a] tout fait pour qu’il [le] choisisse pour le rôle ». « J’ai passé deux essais, dit-il, je l’ai rencontré plusieurs fois pour le convaincre. Cela lui a pris huit mois pour se décider. Et quand il m’a annoncé la nouvelle, j’étais extrêmement heureux. J’ai pu ouvrir tous les livres sur le sujet que j’avais achetés. Un voyage incroyable de recherches et d’échanges a commencé. Marco a changé ma vie, on peut le dire. Rencontrer un artiste comme lui change votre point de vue. J’ai bien fait d’insister. » Pour info, l’acteur italien travaille beaucoup à l’étranger, puisqu’avant Le Traître, on avait pu le voir dans Rush de Ron Howard, face à Chris Hemsworth, World War Z face à Brad Pitt ou encore The Catcher was a spy face à Paul Rudd.
Dans la vraie vie, le maxi-procès de Palerme s’est tenu « dans un bunker, construit spécialement pour l’occasion, près de la prison où résidaient les prévenus », nous explique le site de l’Obs, la prison étant celle d’Ucciardone à Palerme. Marco Bellocchio a pu utiliser les lieux pour reconstituer le procès, un octogone en béton armé nommé l’Aula bunker, doté de 30 cages et résistant à des attaques d’armes de guerre – le vrai procès était protégé notamment par un système de défense antiaérienne. Les prises de vue pour Le Traître y ont duré une dizaine de jours.