LE PORTRAIT INTERDIT

en VOD

Le réalisateur Charles de Meaux a été fasciné par le portrait de l’impératrice chinoise Ulanara au point que cela lui a inspiré un film. Le portrait interdit brode autour des séances de pose qu’elle a partagée avec le jésuite Jean-Denis Attiret, l’un des peintres officiels de la Cour impériale de Chine. Cette femme au destin exceptionnel fut d’abord une simple concubine de l’empereur Qian Long. Elle deviendra impératrice après la mort de la première femme de ce dernier. Elle est morte en 1766 ne laissant que ce tableau énigmatique, surnommé la Joconde asiatique, comme souvenir de son règne.

Charles de Meaux se passionne depuis longtemps pour l’Asie tant comme réalisateur que comme producteur. Il a notamment révélé le cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul qui a obtenu la Palme d’or à Cannes en 2010 pour Uncle Boonmee (Celui qui se souvient de ses vies antérieures). Il retrouve ici Melvil Poupaud qu’il avait mis en scène dans Shimkent Hotel tourné en Asie centrale et Fan Binbing qu’il avait dirigée dans Stretch, drame tourné à Macao.

Fan Bing Bing est une très grande star en Chine. Egérie de grandes marques de cosmétiques et magasins internationaux, elle est à la fois une icône de la mode et une actrice très appréciée. Son succès s’est encore accrû grâce à I Am Not Madame Bovary de Feng Xiogang qui lui a valu un prix d’Interprétation au Festival de San Sebastian. Elle a aussi été jurée au Festival de Cannes en 2017 sous la présidence de Pedro Almodóvar. Elle a incarné Blink dans X-Men : Days of Future Past de Bryan Singer

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA JEUNE FILLE À LA PERLE (Pour les relations troubles qui peuvent unir un peintre et son modèle. Et pour Scarlett Johansson, qui n'était pas encore aussi connue que maintenant.) ou encore LE DERNIER EMPEREUR (Parce que Bernardo Bertolucci avait fait reconstruire la Cité interdite. Un immense décor dont Charles de Meaux a réutilisé des morceaux dans son film.).

L’empereur Qian Long accueillait de nombreux Occidentaux à sa cour. Ces derniers étaient souvent des missionnaires désireux de convertir l’élite chinoise au christianisme. Si leur succès n’a pas été éclatant de ce point de vue, il l’a été davantage dans le domaine de l’art et c’est qui a passionné Charles de Meaux. En effet, Jean-Denis Attiret impose une interprétation occidentale dans la façon dont  il peint l’impératrice. Il la peint comme il la voit sans s’encombrer des codes de la peinture chinoise. C’est ce choc des cultures qui l’intéresse tout autant que l’histoire d’amour entre les deux protagonistes. Il se sentait proche du peintre jésuite car, comme lui, il a passé plusieurs années à travailler dans une maison de production chinoise où il était le seul Français.

Charles de Meaux a tenu à ce que le mobilier et les accessoires montrés dans Le portrait interdit soient d’époque. Cela a rendu le tournage parfois tendu car, selon ses dires, il n’y avait pas un objet à moins de trois cent mille euros sur le plateau. L’intérieur de l’appartement de l’impératrice a été reconstitué dans les studios de Pékin en s’inspirant de documents d’époque. L’équipe a aussi restauré une partie des décors de la Cité interdite créés pour Le dernier empereur de Bernardo Bertolucci. Le conservateur en chef de la véritable Cité est venu valider leurs choix pour les costumes et les décors. Charles de Meaux voulait que l’ensemble corresponde le plus possible à la réalité historique car il estimait que cela servait le jeu des acteurs.

L’une des grandes difficultés rencontrées par l’équipe a été de retrouver le rouge de la Cité interdite car il existe plus de 256 variantes de cette couleur ! Pour parvenir trouver à la nuance exacte, les décorateurs ont dû utiliser plusieurs couches de peinture superposées dont l’avant-dernière, jaune, a beaucoup dérouté les Chinois avant que tout rentre dans l’ordre. Le réalisateur a aussi effectué un énorme travail sur la bande-son pour retrouver l’acoustique spécifique à la Cité interdite, bulle de calme au milieu d’une ville très bruyante. Il avait également choisi des micros spécifiques afin de restituer le plus finement possible le grain de voix de chaque comédien.

J'ai eu la chance de voir ce film en avant première à Beaubourg, j'ai vraiment craqué sur le destin extraordinaire de cette femme chinoise. L'actrice est absolument incroyable et les reconstitutions ( costumes, décor... ) sont très beaux. C'est vraiment du Cinéma ! ...

L'artiste et son modèle, Pygmalion et Galatée. Seul l'artiste est capable de voir le modèle tel qu'il est : reflet de son âme. Délaissée par son mari, snobé par son fils, la belle impératrice Ulanara n'a plus que son double fantomatique et son portraitiste, le frère Attiret ...

Le gros plan qui contemple le visage de Fan Bingbing, au moment où son personnage met en échec son empereur d’époux avec qui elle joue à un jeu de plateau, incarne tout le film. Il exprime le propos du film : la force des règles et des normes interdisent à l’impératrice ...