LE BOURREAU DES COEURS

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« La recette du succès, c’est la classe ! », lance Aldo Maccione dans Le Bourreau des cœurs, une comédie sur le cinéma et la cinéphilie qui se déroule lors d’un tournage catastrophe entre Paris et Tahiti. A l’époque, nous sommes en 1983, Aldo est au sommet de la gloire grâce à son look de Casanova de supermarché et sa démarche improbable, appelée la CLASSE.

Aldo Maccione nait en 1935 à Turin. C’ est un comique de music hall, l’attraction principale du groupe Los Brutos. En France, il est repéré par Claude Lelouch, qui le dirige dans une de ses premières apparitions au cinéma Le Voyou, mais c’est grâce à un rôle prévu pour Bernard Tapie, dans L’aventure c’est l’aventure, qu’il décolle vraiment. Il en tire son personnage d’Aldo la classe, qu’il va exploiter au cinéma jusqu’au début des années 90 dans des films comme Je suis timide mais je me soigne, avec Pierre Richard ou Reste avec nous, on s’tire.

Ici, Aldo incarne un acteur de troisième zone d’origine italienne qui roule en Fiat 500, se déguise en Adolf Hitler ou en footbaleuse à perruque, et se voit naturellement harcelé par de hordes de jeunes filles dévêtues.

La classe, quoi !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES BRONZÉS (Sea, Sex and Sun: la comédie française aime le soleil des îles.) ou encore JE SUIS PHOTOGÉNIQUE (Dino Risi décrit avec un humour mordant les déboires d’un figurant qui rêve lui aussi de devenir acteur de premier plan.).

Le Bourreau des cœurs a donc été écrit sur mesure pour Aldo Maccione, qui balance son sourire de travers, son œil torve et ses répliques imparables comme « Je mourais en Ferrari, comme Molière ». Si, si ! Diplômé d’HEC, Christian Gion réalise un film érotique (Le Jardin des supplices) , un autre pornographique (Les Couples du bois de Boulogne), et va se faire une spécialité des comédies populaires avec Le Pion interprété par Henri Gibet et Claude Piéplu, Le Gagnant avec Michel Galabru ou Pétrole ! pétrole !, avec Jean-Pierre Marielle et Bernard Blier. En 1982, il surfe sur le succès des Sous-doués en vacances de Claude Zidi en réalisant Les Diplômés du dernier rang, interprété par Michel Galabru et un débutant nommé… Patrick Bruel.

Pour Le Bourreau des cœurs, premier des deux films qu’il tournera avec Aldo Maccione, le second étant Pizzaiolo et Mozzarel, Christian Gion dirige Jean Parédès, vu dans Quoi de neuf Pussycat ? et Anna-Maria Rizzoli, starlette italienne habituée des couvertures de Playboy. Il y a aussi des apparitions clin d’œil des animateurs télé Guy Lux et Jacques Rouland. Christian Gion lui-même, cigare vissé aux lèvres, Ray Ban et Stetson de cow-boy, fait plusieurs apparitions dans le rôle du… réalisateur du film ; un rôle qu’il avait déjà tenu dans Les Couples du bois de Boulogne.

Le film a été tourné à Paris, mais également à Tahiti, en grande partie dans l’atoll de 6 kilomètres carrés de Tetiaroa, propriété de Marlon Brando qui y vécut de 1970 à 1990. Frère de Christian Gion, Philippe, célèbre restaurateur de Papeete, pris en charge certains travaux de l’hôtel de la star américaine, qui refusa néanmoins de faire une apparition dans le film.

Aldo Maccione n’a plus tourné au cinéma depuis Travaux, on sait quand ça commence  de Brigitte Rouan en 2005. Mais en 1983, année de la sortie d’A nos amours, Octopussy ou Vivement dimanche, Le Bourreau des cœurs séduisit près de deux millions de spectateurs en salles.