LARRY LE LIQUIDATEUR

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En adaptant la pièce de Jerry Steiner Other People’s money, le cinéaste vétéran d’Hollywood Norman Jewison se place dans l’héritage du film d’Oliver Stone, Wall Street. C’est en effet avec ce long métrage que le cinéma américain a dénoncé la mainmise de la finance sur l’économie du pays dans les années 1980.

Là est tout le sujet de Larry le liquidateur, qui oppose un pur spéculateur, incarné par Danny De Vito, à un entrepreneur, représentant du capitalisme à l’ancienne, incarné par la légende du vieil Hollywood Gregory Peck. Le récit pimente un peu cet affrontement en ajoutant une dimension romantique, à travers le flirt entre le personnage joué par De Vito et une avocate brillante, belle et piquante, qui n’est autre que la fille, à l’écran, de Peck.

Larry le liquidateur retrouve ainsi, dans le duel mâtiné de séduction entre deux êtres que tout oppose, les recettes de la comédie hollywoodienne classique. C’est toute l’idée du film, qui tente un croisement entre l’héritage du Wall Street de Stone et les œuvres sociales plus optimistes de Franck Capra. Un rapprochement des styles et des époques, parfaitement symbolisé par celui entre le vieux cow-boy Gregory Peck et la star comique Danny De Vito.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ECLAIR DE LUNE (Parce que avec ce film, Norman Jewison poussait à la perfection le style de comédie romantique, et dramatique, également au coeur de Larry le liquidateur.) ou encore WALL STREET (Parce que ce film d'Oliver Stone demeure le mètre-étalon des oeuvres sur la finance dans les années 80/90.).

Lorsque Norman Jewison se lance dans le tournage de Larry le liquidateur, il possède déjà une impressionnante carrière dans le cinéma américain, démarrée dès les années 1960, notamment par une collaboration avec Steve Mc Queen ayant donné naissance à deux classiques : Le Kid de Cincinnati et L’Affaire Thomas Crown. Mais Jewison n’est pas qu’un efficace metteur en scène de succès populaires, il est également réputé pour sa dimension d’artiste engagé, particulièrement visible dans l’amitié l’ayant lié à Bobby Kennedy peu de temps avant son assassinat. C’est à ce titre qu’il réalise l’un de ses plus grands succès : Dans la chaleur de la nuit, célèbre drame policier avec Sidney Poitier, sur le racisme au cœur d’une petite ville d’Amérique du sud.

Le cinéaste est donc bien placé pour porter un jugement sévère sur la dérive purement spéculatrice de la société américaine à partir des années 80, au cœur de la pièce adaptée pour le scénario. La grande idée du long métrage réside dans sa distribution, dans cet affrontement entre l’Amérique moderne incarnée par le comique sarcastique Danny de Vito et la vision plus noble, voire légendaire, de ce pays, parfaitement représentée par Grégory Peck, l’un des derniers géants de l’âge d’or hollywoodien alors encore en activité. Toute la réalisation du film est ainsi un crescendo vers le choc final entre les deux acteurs, où chacun expose en un discours flamboyant sa vision de l’entreprise et du capitalisme. Cette séquence est le dernier grand moment de cinéma de Peck. Le comédien apparaîtra ensuite dans un second rôle avec Les Nerfs à vif de Martin Scorsese, avant de disparaître. De Vito est lui au sommet de sa carrière, et connaîtra son plus grand triomphe à peine un an plus tard avec Batman le défi.

La critique de l’époque regrettera fortement la fin heureuse rajoutée par le scénariste, Alvin Sargent. C’est oublier que depuis toujours, y compris dans un classique comme Les Raisins de la colère de John Ford, le cinéma hollywoodien a aimé apporter une conclusion positive à tous ses récits, même lorsqu’il est aussi volontairement cynique que celui de Larry le liquidateur.

Premier point, important selon moi: le titre français est une catastrophe. Ok, le film parle d'un gars surnommé Larry le Liquidateur, mais le titre anglophone est autrement plus parlant: Other People's Money. L'argent des autres. C'est surtout de ça qu'il est question. Au lieu ...