MINUIT DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL

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C’est en 1994 que le journaliste et écrivain américain John Berendt fit paraître un livre retraçant un fait divers s’étant déroulé, en mai 1981, dans la ville de Savannah, en Géorgie, au Sud-est des Etats-Unis. Le roman, déjà intitulé Minuit dans le jardin du bien et du mal, fut un énorme succès public et critique, un véritable best-seller qui manqua de peu le prix Pulitzer. 

Pendant ce temps, Clint Eastwood (64 ans) quitte Un monde parfait, avec Kevin Costner, pour s’engager Sur la route de Madison, avec Meryl Streep, deux films qu’il produit, réalise et interprète. Ce n’est que deux ans plus tard, après les Pleins pouvoirs avec Gene Hackman, qu’il décidera de porter à l’écran le roman de Berendt. Comme ce fut, déjà, le cas précédemment pour Breezy et pour Bird, il choisira de ne pas y faire l’acteur afin de se consacrer entièrement à la mise en scène et, comme pour Un monde parfait, il confie le scénario à John Lee Hancock, le même qui, quelques années plus tard, réalisera le remake du fameux western de John Wayne, The Alamo, avec Dennis Quaid et Billy Bob Thornton.

Tout juste remis de ses désagréments d’auteur dramatique, financé par la pègre new-yorkaise, dans Coups de feu sur Broadway de Woody Allen, John Cusack est choisi par le cinéaste pour incarner ce journaliste, à la fois curieux et candide, obligé de faire face à ce riche antiquaire, mondain et homosexuel, bientôt accusé d’avoir assassiné son amant, le beau Billy. L’antiquaire, c’est Kevin Spacey, déjà vu, à cette époque, dans une dizaine de productions mais qui venait véritablement de s’imposer avec Swimming with Sharks et Usual Suspects ; l’amant, c’est Jude Law (25 ans), qui venait d’incarner l’amant d’Oscar Wilde dans Wilde, le biopic de Brian Gilbert ! Voici donc Minuit dans le jardin du bien et du mal, le 20e film réalisé par Clint Eastwood.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GOSFORD PARK (2001) ou encore LE BÛCHER DES VANITÉS (1990) .

La statue que vous venez de voir dans le cimetière de Savannah, également présente sur l’affiche du film et sur la couverture du roman original, se nomme La Fille aux oiseaux. C’est l’œuvre de l’américaine Sylvia Shaw Judson (1897-1978), qui l’avait réalisée en 1936. L’originale se trouve dans l’Illinois, et celle de Savannah fait partie des quatre copies en bronze existant sur le territoire américain. Cela dit, pour le film, la Warner préféra en réaliser une nouvelle copie, en fibres de verre.

Quant à la maison de Kevin Spacey dans le film, il s’agit bien de celle qu’habitait le véritable Jim Williams, le protagoniste du fait divers rapporté dans le roman de John Berendt et le film de Clint Eastwood. Cette maison avait été baptisée the Mercer House, du nom de celui qui en avait décidé et financé la construction dans les années 60 – 1860 ! –, le général Hugh Mercer, un bon ami de George Washington en même temps que l’arrière grand-père du musicien Johnny Mercer, qui y vécut longtemps et auquel la bande originale du film rend constamment hommage en reprenant un grand nombre de ses œuvres. Né en 1909, mort en 1976, Johnny Mercer, dont on aperçoit la sépulture au début du film, fut un auteur, un compositeur et un interprète célèbre dans les années 1930, 1940 et 1950. Sa production fut prolixe et son rayonnement considérable, Fred Astaire, Bing Crosby ou encore Frank Sinatra ayant eu la bonne idée d’inscrire à leurs éclectiques répertoires quelques-unes de ses innombrables compositions, dont beaucoup sont présentes dans le film, interprétées, cette fois, par K. D. Lang ou Tony Bennett, voire par Kevin Spacey, lui-même ! Aujourd’hui, la fameuse demeure fait toujours la fierté des habitants de Savannah qui l’ont rebaptisée the Mercer Williams House Museum. Côté comédien, outre Kevin Spacey, John Cusack et Jude Law, vous avez peut-être remarqué que le rôle de Sonny Seller, l’avocat réussissant, in extremis, à innocenter son coupable client, est interprété par Jack Thompson, le très british capitaine Hicksley, dans Furyo de Nagisa Oshima. En revanche, dans le rôle de Minerva, l’étonnante prêtresse vaudou qui parle aux écureuils, il est difficile de reconnaître Irma P. Hall, comédienne américaine qui sera, sept ans plus tard, exceptionnellement récompensée par le Prix du Jury du 57e festival de Cannes – distinction habituellement remise à un film –, pour son rôle de vieille dame, téméraire et obstinée, dans Ladykillers, des frères Coen.

Dans le rôle de Mandy Nicholls, la voisine tombant sous le charme de John Cusack, Clint Eastwood fit, tout simplement, appel à sa fille, Alison Eastwood, que l’on avait aperçue à ses côtés, dès l’âge de 8 ans, dans Bronco Billy. Quatre ans plus tard, elle était, également, l’une de ses deux filles dans la Corde raide, le sombre et pervers polar de Richard Tuggle. Après une brève apparition dans les Pleins pouvoirs, c’est à partir de Minuit dans le jardin du bien et du mal, que la jeune femme entama véritablement – bien qu’assez modestement – sa carrière de comédienne, sous la direction d’autres réalisateurs. Enfin, l’étonnant personnage de Lady Chablis – Chablis, comme le vin ! –, est interprété par la véritable Lady Chablis, transsexuelle savannahienne qui vécut les événements retracés dans le livre et dans le film et à qui Clint Eastwood proposa de jouer son propre rôle à l’écran. Avant cette notoriété, aussi soudaine qu’inattendue, qui lui permit d’accéder au statut de vedette se produisant régulièrement dans des cabarets, des clubs et autres boîtes de nuit, dont la sienne – le Club One de Savannah –, Lady Chablis était, plus modestement, connue sous le nom de Brenda Dale Knox, née en Floride en 1957, heureuse récipiendaire de quelques distinctions aussi recherchées et convoitées que celles de Miss Gay World, Miss Sweetheart International ou encore, last but not least, Miss Cosmo USA !

Une redécouverte très tardive en DVD, à cause d'une première galette abîmée et illisible. Enfin, nous avons pu revoir ce petit bijou! "Minuit dans le jardin du bien et du mal" m'avait déjà fasciné à sa sortie: une collection de personnages tous les plus excentriques ...

"Il n’y a pas de réponse." Ce pourrait être une des phrases clés du cinéma de Clint Eastwood, réplique offerte au lancinant "Pourquoi pas ?" de John Huston. C’est aussi un des leitmotivs de son vingtième long-métrage, décliné au hasard des rencontres ...

Typiquement le genre de films qui dépend absolument de l'humeur du spectateur... De bonne composition le film devient tout à fait charmant et, heureusement, j'étais de bonne humeur ce jour là. John Cusack est un écrivain méconnu qui accepte de faire une pige pour un journal ...