LA PANTHÈRE DES NEIGES

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En 2017, le photographe animalier Vincent Munier, propose à l’écrivain Sylvain Tesson de l’accompagner au Tibet sur les traces de la panthère des neiges. Avec eux, s’invitent la chef-opératrice et réalisatrice du film, Marie Amiguet, qui filmera les deux hommes et Leo-Pol Jacquot, en charge des prises de vues animalières. 

L’objectif est double : apprendre au bouillonnant Sylvain Tesson l’art de l’affût, c’est –à-dire passer des heures dans le froid sans bouger en regardant le spectacle de la nature – pour, finalement, tenter d’apercevoir, si jamais elle daigne se montrer, la panthère des neiges, animal mythique et rare dont il ne reste que quelques milliers de spécimens sur terre. 

De cette expérience extraordinaire dans les hauts plateaux du Tibet, perchés entre 4000 et 5000 m. d’altitude, Sylvain Tesson a d’abord tiré un livre, La Panthère des Neiges, prix Renaudot 2019, dont il en reprend des passages en commentaire de ce documentaire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VALLÉE DES LOUPS (Avant les plateaux tibétains, Marie Amiguet a tourné en tant que chef- opératrice cet autre film de l'affût, 3 ans d'attente sur les traces des loups en France) ou encore LE DERNIER LOUP (Jean-Jacques Annaud part , dans les hauts plateaux de la Mongolie intérieure, à la poursuite des loups et de la société qu'ils composent et que le pouvoir chinois tente d'éradiquer.).

Chercher à voir un animal aussi sauvage que la panthère des neiges est une quête de longue haleine. Vincent Munier était allé sur ses traces dans les mêmes plateaux de l’Est du Tibet, déjà cinq fois auparavant.  Et la première fois qu’elle s’est montrée, il ne l’a même pas vue ! C’est en développant ses photos, une fois rentré en Europe, qu’il a aperçu sa silhouette, sereine, qui l’observait autant qu’il avait cherché à la regarder. Cette fois-ci, la petite équipe a organisé deux séjours de trois semaines sur place. Les conditions climatiques en hiver sont extrêmes. Il fait couramment moins de 20° celsius, parfois -35° avec un vent fort et fréquent. 

L’affût qui consiste donc à se « transformer en caillou », pour observer sans bouger afin de ne pas perturber la vie sauvage, est aussi une école de la patience, sans garantie de résultats. Ce qui n’était à priori pas le fort de Sylvain Tesson. Il en a fait une sorte de quête spirituelle en totale opposition avec nos vies urbaines. De ce paradoxe qui l’a nourri, l’écrivain-voyageur, a tiré des réflexions profondes, tout en usant du sens de la formule qui le caractérise. Il pose ses mots sur les images, donnant un sens existentiel à cette observation de la beauté et de la réalité du monde tel qu’il est. Toutes les images n’ont pas été filmées lors de cet affût-là. Vincent Munier a aussi utilisé celles qu’il avait captées lors de ses cinq voyages précédents. Et elles méritent le coup d’œil ! 

On y croise une faune qui nous est peu familière : des yacks, des caprins de l’Himalaya, des antilopes, des loups gris, des renards, un ours et même un chat, dit de Pallas, à l’aspect de peluche mais au regard jaune menaçant. Les observer, eux, suffisait à justifier l’expédition. La panthère des neiges pouvait rester un graal… Ce documentaire, mis en musique par Warren Ellis et Nick Cave,  qui maintient le suspense jusqu’au bout a connu un très beau succès en salle, après avoir été dévoilé au Festival de Cannes dans la nouvelle sélection, Le cinéma pour le climat et sacré meilleur documentaire aux Lumières et aux César.

Vincent Munier a fait de l'esthétisme une philosophie, il dit avoir "choisi de célébrer la beauté plutôt que de creuser le désespoir". Ses photos sont très belles, la narration de Sylvain Tesson et les séquences filmées de Marie Amiguet survolent, superbes, les sommets ...

Est-ce un énième documentaire animalier ? Est ce une de ces sempiternelles adaptations de bouquin à succès ? Ou une réflexion ? Je ne sais pas ce qu'est finalement La Panthère des Neiges avant d'entrer dans la salle qui le projette avec retard. Je ne le sais peut être ...

Jusqu'alors, je n'avais du souvenir de lecture du livre éponyme de Sylvain Tesson qu'un duo : lui, le virevolteur de mots, celui aux semelles de feu qui a écumé le monde et ses angles morts (Sylvain Tesson) et le musicien de l'œil, celui à la gâchette sensible (Vincent Munier), ...