LA MAQUISARDE

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Deuxième film de la réalisatrice française d’origine algérienne Nora Hamdi après Des poupées et des anges, La Maquisarde revient sur un événement qui touche personnellement la cinéaste : la guerre en Algérie. Et plus particulièrement sur la place des femmes oubliées dans ce conflit qui ne disait pas son nom. 

En Algérie, en 1956, en pleine guerre contre la France, Neïla, une jeune paysanne devient, malgré elle, une maquisarde. Mais lors d’une attaque, elle se fait capturer par un groupe de commandos qui la conduit dans un lieu d’interrogatoire interdit, où elle est enfermée avec une ancienne résistante française. 

Ce long métrage auto-produit est adapté du roman de Nora Hamdi, lui même inspiré des récits de sa mère qui, alors jeune fille, avait subi la guerre et s’était retrouvée enfermée dans un camp avant de parvenir à s’en échapper. Un récit étoffé par les recherches de la réalisatrice-écrivain qui a mené un long travail d’enquête pour vérifier les faits historiques.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PAPICHA (Comment une réalisatrice algérienne se penche, elle aussi de façon originale, sur le passé de son pays au travers de la fiction.) ou encore LOIN DES HOMMES (Un film se déroule à peu près à la même période, dans le même pays, avec une approche naturellement radicalement différente.).

Tout est parti d’un récit personnel. Celui de la mère de Nora Hamdi qui était alors jeune femme lors de la guerre d’Algérie. Un récit qui avait du mal à se raconter comme l’explique l’écrivain et réalisatrice, uniquement par bribes que sa mère acceptait avec peine de confier. Elle a lui a parlé du ratissage de son village, de son soutien à son frère maquisard puis de son enfermement au camp de concentration où elle a fui grâce à un soldat français qui lui a sauvé la vie en la laissant s’échapper. A partir de là, Nora Hamdi a mené son enquête pour vérifier les faits historiques. Et s’est même rendue en Algérie, dans le « camp d’internement » où était sa mère mais qui, en réalité, avait tout d’un camp de concentration comme l’a confirmé un rapport de Michel Rocard en 1959. 

La Maquisarde est un récit sur la guerre inédit puisqu’il prend à la fois le contre-pied d’une histoire française qui se refuse à reconnaitre les exactions dont elle a été coupable et d’une histoire algérienne principalement axée sur les héros masculins. Avec ce film, Nora Hamdi rend ainsi hommage aux femmes maquisardes, à celle qui du jour au lendemain ont troqué leur robe contre des pantalons et ont appris à manier une arme. Des combattantes de la liberté algériennes mais pas uniquement. Ainsi en introduisant un personnage de résistante Française anti-colonialiste aux côtés de Neïla dans la prison, Nora Hamdi montre bien la complexité de cette guerre sans nom. 

Et la guerre, d’une certaine façon, c’est un peu ce qu’elle a vécu en production de ce 2e long métrage. Après un premier Des poupées et des anges en 2008, au casting fourni composé notamment de Leila Bekhti ou encore Léa Seydoux et lui-même adapté d’un de ses romans, La Maquisarde a eu lui beaucoup plus de mal à se financer. Pourtant la volonté était grande pour le cinéaste de rendre ce sujet, hautement politique, visible au plus grand nombre. Elle a alors décidé de l’auto-produire. Pour rentrer dans ce budget limité, les concessions furent nombreuses puisqu’elle a été obligé de contraindre le nombre de lieux de tournage préférant la forme d’un huis-clos mais aussi de renoncer à son casting initial composé de Rachida Brakni et d’Emmanuelle Béart au profit d’amateurs trouvés par casting sauvage sur Facebook. Au final, la Maquisarde existe et en devient donc un double acte politique.