HER JOB en VOD
- De
- 2019
- 86 mn
- Drame
- France | Grèce
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Parce que Her Job dresse le portrait inattendu d'une femme qui s'émancipe à un âge où l'ordinaire est bien plus la résignation devant les horizons étriqués d'une vie aussi routinière que précaire. Panayotia ressemble à énormément de personnes de la réalité tout en étant un personnage de plus en plus rare au cinéma : une femme au foyer, cloîtrée entre charges mentales et domestiques, au quotidien réglé comme du papier à musique usé, entre les activités ménagères et les enfants à élever. Lorsqu'elle décroche un travail, elle va réapprendre à s'ouvrir. À elle comme au monde.
Parce que Her Job, c'est aussi une vision en coupe d'un pays, la Grèce. Celle actuelle, qui ne s'est toujours pas remise d'une crise économique sans précédent, soumise à un très sévère régime d'austérité. Nikos Labôt traduit à l'écran la manière dont il a infusé cette société, jusqu'à fusionner les relations professionnelles et familiales, toutes deux désormais une même question de survie. Plus encore pour les femmes impactées par un taux de chômage (entre 20 et 40% selon les tranches d'âge) pesant d'autant plus sur les inégalités salariales (à travail égal, une femme grecque est globalement payée 15% de moins qu'un homme). Toutefois Her Job n'occulte pas un paradoxe : la crise a remis les femmes au centre de l'échiquier social, ce sont désormais elles qui font rentrer l'argent.
Parce qu'un tel contexte ne pouvait que nourrir Her Job d'un propos politique. Nikos Labôt l'assume en bandoulière, sans être démonstratif. L'élévation sociale de Panayotia se fait progressivement, sans véhémence, que ce soit dans un scénario que ne renierait pas le Ken Loach des grandes heures ou une mise en scène qui s'affine discrètement, accompagne, soutient cette femme qui se redresse, psychologiquement comme physiquement. Comme elle, Her Job apprend à ne plus courber le dos, affirmer une résistance à l'ordre des choses tel que dicté par le libéralisme.
Parce que Her Job ne serait pas un film aussi fort sans Marisha Triantafyllidou. L'actrice parvient à remplir l'écran tout en incarnant une invisibilité sociale. Sa reproduction à la perfection des gestes anodins d'une femme au foyer est pour beaucoup dans l'authenticité de ce film. Un travail minutieux, composé au gré de deux ans de préparation, répétant les moindres postures et gestes de Panayotia, femme qui s'affranchit peu à peu du poids du monde qu'elle avait sur ses épaules. Triantafyllidou étant allée jusqu'à s'épaissir d'une douzaine de kilos pour alourdir Panayotia. Au tournage, Labôt finira par laisser les mains libres à Triantafyllidou pour des séquences souvent improvisées où elle amènera la lumière intérieure de Her Job, celle de l'innocence d'une femme qui prend conscience que la vie peut être devant elle.