LA BELLE ET LA MEUTE

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Parce qu'en septembre 2012, une jeune tunisienne est violée par des policiers. Elle a décidé de leur tenir tête en portant plainte contre eux, quitte à affronter le système judiciaire et les valeurs très patriarcales du pays, en se voyant accuser en retour de comportement immoral. Ayant fait la une des médias tunisiens, ce fait divers a interpellé Kaouther Ben Hania, qui en a tiré La Belle et la Meute, pour le portrait d'un maghreb en pleine gueule de bois d'un Printemps arabe qui aura rapidement fané.

Parce que constitué d'une série de neuf plans-séquences, La Belle et la Meute amplifie par ce principe formel la sensation d'enfermement autour de Meriem, qui va d'épreuve en épreuve, de son viol à la difficulté de le faire reconnaître. À son calvaire physique s'additionne celui bureaucratique. Ben Hania fait le choix judicieux de ne pas s'attarder sur le premier, via une ellipse, pour se concentrer sur le second. La Belle et la Meute en faisant une course-poursuite – renforcée par une unité de temps, celle de la nuit qui suit l'agression – entre Meriem et les différents échelons hiérarchique. Elle, persistant dans sa démarche, le camp opposé dans sa volonté d'étouffer un cas encombrant.

Parce que pour interpréter Meriem, Kaouther Ben Hania est passée par une longue phase de casting avant de trouver Mariam Al Ferjani. La réalisatrice étant séduite par son mélange de force et de vulnérabilité, son visage aux restes de traits enfantins et son corps voluptueux de femme adulte. Elles mettront en place une méthode de travail particulière, Ben Hania demandant à Al Ferjani pour préparer le rôle de poser sur papier ce qu'elle pensait être l'état d'esprit du personnage dans les scènes où il ne parlait pas.

Parce qu'au-delà de la force de son propos sur les rapports homme/femme en Tunisie, La Belle et la Meute surprend par son atmosphère à mi-chemin entre le film noir et le cinéma fantastique. Ben Hania n'hésitant pas a jouer sur une tension croissante, dans les rapports entre Mariam et les policiers ou le personnel hospitalier. La clé restant probablement dans ce titre, évidente suggestion que cette histoire est un conte moderne, celui d'une nuit sans fin qui se refermera sur les femmes comme sur la jeunesse si la colère de ses victimes n'éclate pas.

En neuf plans-séquences, dont les numéros nous sont assénés comme autant de coups sur la nuque, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania nous entraîne, sur les pas de son héroïne Mariam (Mariem Ferjani), tout au fond de la nasse qui semble se refermer de plus en plus ...

Je sors de la Cinexpérience 71 (au passage, merci Sens Critique de m'avoir encore une fois invité) , et je viens de prendre une grosse claque dans la tronche, et j'écris cette critique encore sous le coup de l'émotion. Nous avons là un film angoissant, un film d'horreur, ...

La magie de Cinexpérience a encore frappé. La belle et la meute n'est pas seulement un film sur le viol, c'est un film de garde a vue et sur la difficile transition démocratique tunisienne. Depuis l’immense Garde à vue de Claude Miller, jamais un film sur la pression que ...