FRANCE

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Qu’est-ce qu’une véritable information ? Cette question n’est pas toute neuve mais elle hante le vingt-et-unième siècle avec force. A l’heure de l’information-spectacle et des chaînes d’info continue, on ne cesse de s’interroger sur les fake news et la part de mise en scène dans les images que l’on reçoit en permanence de toutes parts. « Les lignes de démarcation entre la réalité et la fiction sont fracassées » constate Bruno Dumont.

Le cinéaste a choisi la satire pour aborder cette problématique de l’information-spectacle. Affublant Léa Seydoux de tenues bling bling, il la transforme en France de Meurs, journaliste-vedette d’une chaîne de TV, qui se fait remarquer par des reportages où elle apparaît en héroïne bravant le danger, quitte à « réorganiser » le réel à sa convenance. A ses côtés, en assistante d’un cynisme absolu, Blanche Gardin ne fait pas dans la demi-mesure, à notre plus grand plaisir.

Dans un registre moins burlesque que Ma Loute, Dumont entend amener le spectateur à accompagner la prise de conscience du personnage de France, ébranlée après avoir renversé un livreur dont elle découvre la réalité sociale. Les apparences peuvent être trompeuses et, jouant la carte de l’excès dans les décors, les costumes ou les situations, le réalisateur de L’Humanité explore les contradictions et la fragilité de la nature humaine.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOUT LE MONDE IL EST BEAU, TOUT LE MONDE IL EST GENTIL (Une satire mettant en scène des journalistes qui "bidonnent" sans scrupules) ou encore JEANNE (Un autre film de Bruno Dumont dont la BO est composée par Christophe).

Dès la première séquence de son film Bruno Dumont, s’amuse à brouiller les lignes par une mise en scène qui questionne le réalisme de façon troublante. Impossible de ne pas s’interroger sur la crédibilité de cette conférence de presse. Le président de la République a-t-il réellement participé à cette fiction ? En fait, il s’agit d’un montage très efficace à partir d’une archive datant de la crise des gilets jaunes où Emmanuel Macron répond à une interpellation de la journaliste Laurence Ferrari qui lui avait demandé : « Avez-vous pêché par naïveté, par arrogance, par inexpérience? ». Dès cette scène d’ouverture, le réalisateur  affirme le pouvoir du cinéma et sa capacité à nous faire croire ce qu’il veut.

« Les médias m’intéressent beaucoup, explique Bruno Dumont, c’est un lieu très important, c’est notre seule façon d’accéder au réel et je m’aperçois que c’est une réalité qui est représentée et je trouve que cela pose de petits problèmes ». Dans France, il règle ses comptes avec un système médiatique, en misant sur la dimension toute spectaculaire du cinéma. France de Meurs est pour Bruno Dumont « une véritable héroïne de cinéma, conscience tragique, toute illuminée, toute humaine. » Son personnage est à la fois une allégorie et un être humain aux prises avec ses contradictions. « Je pense qu’elle est malheureuse de faire ce qu’elle fait mais qu’elle le fait », confie le metteur en scène.

La bande originale du film est la dernière partition composée pour le cinéma par Christophe, le créateur des « Mots bleus" et des « Paradis perdus ».  Christophe avait signé sa première B.O en 1970 pour La Route de Salina de Georges Lautner. Le compositeur avait déjà travaillé avec Bruno Dumont pour Jeanne. « La musique devait nous expliquer ce qui se passe dans le cœur de France, explique le réalisateur. Surtout quand c’était difficile à comprendre ou que l’on avait du mal à la suivre. » Dumont précise que cette musique est « très psychologique ».  Elle est souvent contraire aux actions ou aux paroles de France pour illustrer la contradiction humaine qu’incarne le personnage. Christophe a disparu avant la sortie du film en salles mais il avait pu voir le montage final avec sa musique.

Dumont s'exporte et ça lui réussit magnifiquement bien. France est peut-être, malgré les apparences, le film de Dumont qui se rapproche le plus de ce qu'il pouvait faire avant P'tit Quinquin, lorsqu'il a orienté son cinéma plus vers la comédie. On a là une Léa Seydoux ...

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes d'information en continu. Non que cet aspect ne sot pas présent mais il n'est ...

Il est tellement facile de détester le nouveau film de Bruno Dumont que cela en devient suspect : son alignement de clichés, les portes ouvertes qu’il enfonce et la redondance de ses démonstrations mettent le spectateur dans une position qui incite à rejeter en bloc l’intégralité ...