FIRST COW

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Avec First cow, Kelly Reichardt renoue avec le western qu’elle avait exploré dans La dernière piste en 2010. Cette fois, elle  évoque, à travers l’association de deux pionniers au début du XIXème siècle, les balbutiements de l’esprit d’entreprise à l’américaine. 

On y suit Cookie Figowitz, un cuisinier chargé de nourrir des trappeurs, qui s’associe avec le Chinois King Lu après lui avoir sauvé la vie. Dans l’espoir de financer leurs rêves, ils vendent avec profit des beignets qu’ils fabriquent avec du lait volé à la seule vache de la région, propriété de l’administrateur local. 

Adapté d’un roman, First cow confronte la réalité au mythe du rêve américain en montrant comment les deux protagonistes font l’apprentissage difficile du libéralisme économique et de ses implications, notamment vis-à-vis de la loi, toujours favorable aux puissants. Le film tient son charme particulier de son rythme apparemment nonchalant, dicté autant par la nécessité que par un souci de réalisme.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DEAD MAN (Même approche anticonventionnelle du western.) ou encore LE CONVOI SAUVAGE (Même contexte de survie: dans les années 1820, un trappeur est abandonné par ses compagnons de route après avoir été blessé par un grizzli.).

De film en film, Kelly Reichardt s’est imposée comme une cinéaste discrète et puissante, qui revisite les genres traditionnels (road movie, thriller, western) pour raconter une histoire inédite de l’Amérique, centrée sur des personnages dans les marges. Son approche a quelque chose d’écologique dans un sens plus scientifique que militant, en ce qu’elle observe ses sujets dans leur milieu naturel.

A ses débuts, elle se sentait obligée d’obéir à l’impératif de « parler de soi » et de « raconter son expérience », et elle a été très soulagée lorsqu’elle eu l’occasion d’explorer des mondes qu’elle ne connaissait pas. C’est ce qui est arrivé lorsqu’elle s’est installée dans la région du Pacifique Nord-Ouest, après avoir quitté la Floride où elle avait grandi. C’est dans l’Oregon qu’elle a rencontré le scénariste Jonathan Raymond, avec qui elle collabore régulièrement, et c’est dans cette région qu’elle a tourné la majeure partie de ses films.

Pour se mettre dans l’ambiance, les acteurs avaient comme  principaux supports leurs costumes, qui déterminent leur façon de bouger, et aussi leur environnement qui leur indiquait où ils habitaient, et comment ils vivaient. Ils ont également été entraînés à la survie par un spécialiste des reconstitutions historiques. Ils sont partis camper pendant 3 jours, dépourvus de tout équipement. Ils devaient s’arranger pour trouver de quoi se nourrir, se désaltérer, s’abriter et se chauffer. Ils ont appris à allumer du feu sans allumettes, et à attraper des écureuils avant de les dépecer et les faire cuire. Du début à la fin de leur stage, il a plu sans arrêt. 

Comparativement, Kelly Reichardt bénéficiait pour First cow d’un budget modeste mais plus important que sur ses précédents films. Le tournage a duré 30 jours et la réalisatrice a particulièrement apprécié la possibilité de ne tourner que 5 jours par semaine, ce qui lui la laissé pour la première fois le temps de réfléchir à ce qu’elle avait fait et à ce qu’il lui restait à accomplir.

Avec ce film je découvre le cinéma de Kelly Reichardt et je dois dire que j'ai tout de suite été envoûté par ce qui sera, pour moi, l'élément marquant du film : son calme. On a un western sans bruit et sans fureur, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des bagarres, ça ...

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