EX MACHINA

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Ex Machina est le premier film d’Alex Garland, auparavant connu pour ses talents de scénariste, surtout pour des films de science-fiction qui dépeignent des futurs plus ou moins proches: 28 jours plus tard, Sunshine ou Dredd. Pour la promotion du film, la production a eu l’idée originale de créer un vrai-faux compte sur l’application Tinder à « Ava », l’intelligence artificielle du film, incarnée par Alicia Vikander. La mission d’Ava sur Tinder est simple: draguer les internautes et les journalistes pour les renvoyer vers sa page Instagram, dédiée à la promotion du film Ex-Machina… une promo à peu de frais, et complètement raccord avec le film ! 

Ex-Machina est le point de départ d’une collaboration fructueuse avec l’actrice Sonoya Mizuno (Kyoto) qui sera ensuite de tous ses projets, qu’il s’agisse du film Annihilation ou de la série Devs (toujours dans un univers de science- fiction) et avec Oscar Isaac (pour Annihilation). 

Ex-Machina s’ajoute à la désormais longue liste des films abordant la question de l’intelligence artificielle. On la retrouve sous l’angle de l’expressionnisme allemand avec Metropolis, de la romance avec Her, du film d’animation avec Wall-E, de l’adaptation et du remake avec Blade Runner et Blade Runner 2049, du contemplatif 2001, l’odyssée de l’espace ou du film d’action bodybuildé Terminator.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TERMINATOR 2: LE JUGEMENT DERNIER (une autre version des dangers de l'intelligence artificielle) ou encore BLOOD MACHINES (parce que là aussi, l'intelligence artificielle est diablement sexy !).

L’apparence sobriété du film cache en fait un immense travail esthétique, tant dans la conception des effets visuels (récompensés par un Oscar) que dans les références picturales (Gustav Klimt, Bacon) et intellectuelles (le philosophe Ludwig Wittgenstein est cité à plusieurs reprises). Le choix des noms des personnages est en outre évidemment relié à la Bible. Ava est la femme originelle, Eve, Caleb est l’un des douze explorateurs envoyés par Moïse en Terre Promise et Nathan l’un des conseillers du roi David, chargé d’annoncer à ce dernier l’alliance que Dieu faisait avec lui. 

Le titre « Ex Machina » fait lui-aussi référence à Dieu, en empruntant une partie de la locution latine Deus Ex-Machina (« Dieu sorti de la machine ») qui désigne l’intervention d’une divinité étant à même de dénouer une situation désespérée, ou de résoudre une situation sans suivre la logique interne du récit. Qui est Dieu et qui est la machine, voilà tout le sujet du film ! 

Le film s’inscrit de façon très explicite dans la lignée des représentations de l’intelligence artificielle sous la forme d’une femme hypersexuée. C’est le cas dans des personnages féminins joués par Scarlett Johansson dans Ghost in the Shell, Lucy ou même Her (grâce à sa voix). Citons aussi Blood Machines ou, pour les enfants des années 90, l’héroïne de la série Code:Lisa, résultat des fantasmes de deux lycéens génies de l’informatique. Dans Ex-Machina, il est aussi question des hommes et d’une opposition entre deux masculinités diamétralement opposées, l’une portée par le personnage de Nathan (hyper-musclé, qui laisse libre cours à ses pulsions, et à sa violence) et l’autre incarnée par Caleb (et surtout par Domhnall Gleeson, qui dégage une forme d’innocence, voire de fragilité, ce qui a convaincu la directrice de casting et Alex Garland), à l’inverse du mâle dominant.

Sur le terrain à la fois balisé et glissant des films sur l’intelligence artificielle, Ex Machina est une jolie surprise. Non pas tant par son originalité, puisqu’on y retrouve un grand nombre des attendus pour un tel sujet, mais par la façon dont il parvient à les traiter. ...

Ex Machina correspond à l'idée que je me fais d'un film simple, malin, et (surtout) réussi. Les ingrédients sont élémentaires : une idée originale, en phase avec son époque et exploitée habilement du début à la fin, germant lentement au cœur d'une ambiance soignée ...

Ex_machina a tout d'un grand. Malgré une thématique presque rédhibitoire tellement elle a été vue et revue ces dernières années, j'ai été enchanté par la manière dont Alex Garland tire son épingle du jeu. Tout en surfant sur les codes d'un genre aujourd'hui extrêmement ...