EL CLUB

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Après une trilogie (remarquée) consacrée au dictateur Pinochet, le cinéaste chilien, Pablo Larrain, revint à un vieux projet qui lui avait été inspiré, au milieu des années 2000, par la photo d’un prêtre, accusé d’abus sexuels sur mineurs, envoyé en Allemagne par l’Eglise chilienne dans une luxueuse propriété, afin de lui épargner la justice des hommes.

Indigné par cette façon de fuir ses responsabilités, le cinéaste se demanda longtemps ce qui pouvait bien se passer dans cette maison et comment ses pensionnaires occupaient leurs journées. Il mena son enquête et rencontra plusieurs de ces prêtres, si étonnamment protégés par leur hiérarchie. C’est ainsi que naquit El Club, présenté au festival de Berlin en février 2015. Il y reçut l’Ours d’argent.

Nous allons donc pénétrer dans le quotidien de quatre prêtres remisés, en quelque sorte, par l’Eglise catholique dans une maison en bord de mer où ils sont censés expier leurs péchés, en compagnie d’une dévouée religieuse. Mais, un cinquième prêtre va venir se joindre à eux. Sorti en France en novembre 2015, El Club était autorisé pour tout public « avec avertissement » !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOUTE (2008) (Dans l’austère école catholique St Nicholas, le père Flynn est soupçonné de détourner du droit chemin un élève noir, par ailleurs homosexuel...) ou encore AU NOM DU FILS (2012) (La pédophilie dans l’Eglise, exceptionnellement traitée sous la forme d’une comédie drôle, noire, féroce et... belge !).

Comme l’écrira Lorenzo Codelli dans la revue Positif, El Club est un film « cru et ténébreux, limite incommodant ». Les mots que psalmodie l’homme jadis abusé par un prêtre sont dérangeants et sans équivoque mais, précise Pablo Larrain, « il faut obliger le spectateur à les entendre [...] pour qu’il comprenne ce qu’est cette vérité. » Invité, par ailleurs, à expliquer la place accordée dans son film au lévrier – le seul chien mentionné dans la Bible – et aux courses de lévriers, le même répondit : « Je trouve indécent que les cinéastes explicitent trop leur pensée. Un film doit garder ses secrets. » Dont acte !

C’est à Sergio Armstrong, son fidèle directeur de la photographie depuis 2007, que Pablo Larrain fit de nouveau appel pour ce film où, selon son habitude, il voulait obtenir une image donnant du sens au récit. Ils tournèrent tôt le matin et en fin de journée, uniquement en lumières naturelles, sauf pour les plans de nuit. Ils utilisèrent, également, des objectifs soviétiques du début des années 1960, « ceux que Tarkovski avait utilisés en son temps », avoua-t-il ravi. Son intention étant de s’éloigner, le plus possible, de la haute définition qui, affirme-il, « est un virus » qui rend les films tous semblables.

Coté comédiens, la plupart déjà vus aux côtés de Gael García Bernal dans No, son précédent film, Pablo Larrain adopta une radicale méthode de travail, qui n’est pas sans rappeler Jean-Luc Godard ou Claude Lelouch. Aucun des interprètes ne put lire un scénario, avant ni pendant le tournage. Ils ne connaissaient ni leurs personnages, ni celui des autres, ni l’issue de l’histoire que Pablo Larrain, lui-même, ne connaissait pas, puisqu’il en acheva l’écriture au fur et à mesure du montage. Il ne voulait pas que les acteurs se préparent, qu’ils travaillent leurs personnages. Il les voulait simplement, mais intensément, « présents au moment de la prise ». Représentant officiel du Chili à l’Oscar 2016 du meilleur film étranger, El Club ne fut pas retenu par l’auguste académie américaine.

Au bord d’une plage jalonnée par les ombres et tapissée par un coucher de soleil, un groupe de personnes discute, rit de vive voix et s’amuse en promenant leur chien de course. Tout semble apaisé malgré le décor grisâtre environnant. Sauf que les apparences s’avèreront ...

Souvent dans les cauchemars, la vision générale est comme déformée, entachée d’un halo, et donne l’impression d’être plongé dans cette univers horrifique sans y être tout à fait pour autant. C’est ce procédé que choisit Pablo Larrain pour attiser le malaise, ...

Quatre prêtres ayant perdu leur sacerdoce suite à des actes criminels, vivent dans une "maison de retraite", mis à l’écart, sans qu'aucun d’eux n'ait été condamné. La Boca, petit village de la côte chilienne aux activités de pêche, semble le refuge idéal pour ces ...