COMME UNE ACTRICE

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Cette histoire aurait pu prendre la forme du vaudeville. Une femme, quittée par son mari pour une autre plus jeune, décide de prendre l’aspect de cette dernière afin d’essayer de le reconquérir... Mais Sébastien Bailly, le réalisateur, a lui choisi la voie du drame, inscrivant « Comme une actrice » au registre des drames amoureux avec également une vraie dimension sociale.  

Julie Gayet incarne en effet Anna, comédienne bientôt quinquagénaire, abandonnée pour une maîtresse moins âgée... Le fait que l’intrigue se déroule dans les milieux du théâtre et du cinéma n’est pas anodine : on sait que les actrices, bien plus que les acteurs, souffrent très tôt de leur âge, obligées parfois pour continuer à travailler, de recourir à la chirurgie pour tenter de freiner la course du temps...  

Sébastien Bailly rajoute ici une touche de fantastique qui place son film sur le créneau d’une sorte de conte, sans jamais perdre de vue son propos initial. Autour de Julie Gayet, Benjamin Biolay et Agathe Bonitzer forment un trio qui navigue entre séduction et dureté... 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BLANCHE NEIGE ET LES SEPT NAINS ("Miroir mon beau miroir..." Méchante reine ou actrice en détresse, la volonté de rester jeune a un coût parfois exhorbitant...) ou encore EVE (Quand une comédienne voit arriver une actrice plus jeune voulant empiéter sur ses plates-bandes, la riposte peut prendre des formes surprenantes...).

« Une actrice ne s’appartient plus : elle appartient à tous ceux qui la contemplent »... Ainsi parlait Ava Gardner, star des années 40 et 50 qui, selon un homme évidemment, était « le plus bel animal du monde » ! Ces deux citations posent bien le problème évoqué dans le film que vous venez de regarder : les actrices n’auraient pas le droit de vieillir, là où les acteurs eux le peuvent. Ces derniers en deviennent même parfois plus « charmants » alors que ces dames se « flétrissent ». Terrible réalité où les femmes, malgré l’évolution des mentalités et le combat féministe, ne se voient pas pardonner les outrages du temps qui passe...  

Nous parlions d’Ava Gardner : dans « La comtesse aux pieds nus » de Joseph Mankiewicz en 1955, elle incarne une danseuse de cabaret, repérée par un producteur et propulsée au rang de star du 7e art, découvrant les affres de la notoriété et les difficultés à vivre une vie de femme « normale », échappant à un bonheur pourtant terriblement recherché... « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen en 1953 suit quant à lui le basculement de la carrière de Lina Lamont, une vedette du cinéma muet, dont la voix désagréable s’accommode mal de l’arrivée du parlant. Une chanteuse, engagée pour la doubler, va mettre à mal sa relation avec son partenaire don Lockwood...  

Au rayon tricolore, revoyez « Le bal de actrices » de Maïwenn, portrait agaçant et attachant d’un groupe de comédiennes, objets d’un projet de documentaire qui va révéler leurs failles, leurs doutes et leurs névroses, selon qu’elles soient populaires, inconnues, oubliées ou intellos ! De Karin Viard à Muriel Robin, de Julie Depardieu à Romane Bohringer, de Mélanie Doutey à Marina Foïs ou de Charlotte Rampling à Estelle Lefébure, le film fait rire autant qu’il bouleverse, floutant à chaque instant la mince frontière entre le documentaire et la fiction... Citons aussi « Ma femme est une actrice » de et avec Yvan Attal dans lequel l’acteur-réalisateur pose son regard de mari sur la manière dont les hommes perçoivent la sensualité de son épouse, incarnée à l’écran comme dans la vie par Charlotte Gainsbourg...