DOCTEUR PETIOT en VOD
- De
- 1990
- 97 mn
- Fantastique / Horreur
- France
- Tous publics
- VF - HD
1 MIN AVANT
En mars 1944, la fumée noire qui s’échappe de la cheminée d’un hôtel particulier de Paris permet la découverte macabre de corps humains dépecés, de restes calcinés de 24 personnes dans le fourneau d’une cuisine, d’une chambre à gaz avec un judas, d’un puits de chaux vive dans une cave aménagée, de 70 valises et de milliers d’objets dérobés. Le « Docteur Satan » est démasqué, surnom attribué par la presse au médecin Gaston Petiot, qui profitait de l’Occupation pour s’enrichir en tuant essentiellement des Juifs à qui il promettait des jours meilleurs en Argentine. Le voyage s’arrêtait à l’hôtel particulier du 21 rue Lesueur. Petiot se volatilisa, s’engagea sous une fausse identité dans les Forces Françaises de l’Intérieur avant d’être confondu à la Libération et exécuté.
Nous ne dévoilons rien du film Docteur Petiot, réalisé en 1990. Les faits sont historiques et connus. Au générique, il est précisé « librement inspiré de la vie du docteur Petiot ». Christian de Chalonge ne cherche pas l’exactitude, encore moins le réalisme qu’il a su éviter tout au long de sa carrière. L’Argent des autres était un film d’épouvante sur le monde de la finance. Son Docteur Petiot est un cauchemar expressionniste sur l’Occupation allemande. Le préambule au cours duquel Petiot assiste à la projection d’un pseudo-Nosferatu en noir et blanc contrasté et crève la toile pour entrer dans le film-même donne la clé de cette construction narrative hallucinée. Le spectateur est invité à voir une fiction qui mettra tout en œuvre pour brouiller le réalisme. Les décors, les éclairages, les plongées en souligneront le fantastique.
Et puis il y a Michel Serrault, vampire autrement plus dangereux que le Nosferatu de pacotille, qui soutient pleinement le parti-pris esthétique du cinéaste. Traversant le Paris nocturne avec sa bicyclette et sa remorque, une cape noire voletant et des ombres gigantesques, il affirme la métaphore expressionniste. Son maquillage, les yeux cernés, les sourcils broussailleux, rappelle le Werner Krauss du docteur Caligari. Son jeu expressif et ses ruptures ouvrent les portes de la folie. L’état mental de Petiot se posa justement à plusieurs reprises dans sa vie, déclaré dépressif paranoïaque et sujet aux phobies pendant la Première guerre mondiale, puis délirant et irresponsable en 1936 après un flagrant délit de kleptomanie. De Chalonge et Serrault se sont passionnés pour les cauchemars intérieurs du personnage. L’Occupation ainsi filmée peut aussi se lire comme une projection de sa folie.
Dans le même genre vous pouvez trouver LANDRU (De Claude Chabrol (1962) : autre portrait d'un adepte de la chaudière. Ses victimes étaient des femmes esseulées lors de la Première guerre mondiale) ou encore MONSIEUR KLEIN (De Joseph Losey (1976): même approche irréaliste et angoissante de la France sous l'Occupation.).