DIÊN BIÊN PHU (VERSION RESTAURÉE)

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Le 7 mai 1954 prenait fin la bataille de Diên Biên Phû entre les forces françaises et les combattants du Viet Minh. Cette défaite militaire de la France allait marquer la fin de la guerre d’Indochine et trois mois plus tard, en vertu des accords de Genève la France quittera la partie nord du Viêt Nam.

Pierre Schoendoerffer a participé à cette bataille décisive qui fit 8000 tués côté vietnamien et près de 2300 morts parmi les soldats de l’Union française. Alors caméraman au Service cinématographique des armées, le jeune homme de 26 ans filme les combats et sera fait prisonnier par les Vietnamiens qui le libèrent fin août 1954. La guerre d’Indochine a profondément marqué Schoendoerffer et il est déjà question de Diên Biên Phû dans La 317e section qu’il réalisa en 1964.

Ici, il retrace la bataille sur une période de deux mois en suivant plusieurs personnages, les uns à Hanoi et les autres sur le théâtre des opérations. Coproduction franco-vietnamienne, le film Dien Bien Phu est sorti sur les écrans en mars 1992 moins de quarante après les événements qu’il relate. L’armée vietnamienne a largement collaboré au tournage qui fut, selon les propres mots du cinéaste, « une  expérience bouleversante ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA 317E SECTION (Une évocation de la guerre d'Indochine signée par Pierre Schoendoerffer) ou encore DUNKERQUE (Reconstitution d'une autre bataille décisive du XXe siècle).

Pour Pierre Schoendoerffer « ce film n'est pas un documentaire historique ni un essai politique ni une mise en cause des choix stratégiques et tactiques de l'état-major. (...) ce qui compte c'est l’émotion. » Le scénario de Dien Bien Phu multiplie les allers-retours entre Hanoi et le champ de bataille et le fil conducteur entre les deux lieux c'est la musique. Comme le dit le cinéaste  : « la musique c'est le diamant et le film c'est la gangue ». Dans Le Concerto de l'Adieu, composé par Georges Delerue, le violon dialogue avec l'orchestre « le violon c'est la France, l'orchestre c'est le Viêt Nam », explique le réalisateur. L'attaque débute sur les premières notes de musique jouées par le violon et la bataille prend fin quand la violoniste joue les dernières notes.

Au départ, le producteur Jacques Kirsner pensait tourner le film en Thaïlande mais le budget était trop élevé et il s'apprêtait à renoncer quand François Mitterrand, qui sera le premier président français à se rendre au Viêt Nam depuis la fin de la guerre d'Indochine, qui avait entendu parler du projet lui fait dire d’essayer d'aller tourner au Viêt Nam même. Le réalisateur était d’abord réticent à l’idée de retourner au Viêt Nam mais voyant que les Vietnamiens souhaitaient que le tournage ait lieu sur leur sol, il a compris qu’il s’agissait là « d’une sorte de main tendue. » Il a été clair dans ses intentions : « J'ai dit aux Vietnamiens que je ne passerai pas de l'autre côté, je ne passerai pas la frontière de la ligne de feu. C'est l'histoire vue par un Français. »

La production a dû faire face à d’innombrables problèmes logistiques. Par exemple, des avions d’époque achetés en Afrique ont été bloqués à cause de la guerre du Golfe et il faudra s’en procurer d'autres en Amérique. Bonne nouvelle en revanche : le gouvernement vietnamien fournit quatre mille figurants. Les prises de vues n’ont cependant pas eu lieu à Diên Biên Phû mais sur la base militaire de Xuan Mai à 50 km de Hanoi, ce qui est plus pratique. De plus, Pierre Schoendoerffer ne voulait pas tourner sur le champ de bataille, considérant que l’endroit « a quelque chose de sacré pour les morts français et les morts vietnamiens. » Hors du domaine strictement cinématographique, le tournage de Dien Bien Phu a eu une conséquence directe pour la diplomatie française au Viêt Nam puisqu'un poste d'attaché de défense a pu enfin être créé à la demande de l'ambassadeur de France à Hanoi. Et quelques mois plus tard, Hanoi a mis en place de son côté un poste d'attaché de défense à Paris.

Schoendoerffer, c'est un peu le Oliver Stone français. Comme ce dernier, il a servi dans l'armée et a connu l'expérience de la guerre. D'autant plus qu'il s'agit de la même région du globe. Et le réalisateur de l'Hexagone semble avoir été profondément marqué par ce qu'il ...

Caméraman au Service cinématographique des armées, Pierre Schoendoerffer y était. Trente-huit ans, il a porté, en lui, ce film. Il tenait à le tourner sur place. Il l’a fait. Les anciens belligérants ont fourni les figurants. Vous connaissez l’histoire : le Corps ...

Un film profondément troublant, et ce pour de nombreuses raisons, toutes liées au regard de Pierre Schoendoerffer qui ne porte aucun jugement (sur l'opposition des forces en présence, tout du moins). S'agit-il d'un documentaire ou d'une fiction ? Une ode à la chose militaire ...