DANSE MACABRE

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Juste avant que le giallo le pare de couleurs vives, le cinéma d’horreur italien a connu une autre période, en noir et blanc, exaltant l’horreur gothique. Dans le sillage du Masque du démon, réalisé par Mario Bava en 1960, Danse Macabre en est l’un des exemples les plus parlants. On retrouve d’ailleurs dans les deux films la même actrice, Barbara Steele, d’origine anglaise mais qui deviendra la star de l’épouvante italienne. Elle incarne ici Elizabeth Blackwood, sœur d’un aristocrate qui se vante de posséder un château hanté. Le journaliste Alan Foster la rencontre après avoir fait le pari qu’il parviendrait à rester une nuit dans la demeure sans périr… et en tombe immédiatement amoureux. À ses risques et périls.

Inspiré d’un roman d’Edgar Allan Poe, qui apparaît d’ailleurs comme un personnage à part entière dans l’introduction et la conclusion du film, Danse Macabre réutilise tous les éléments propres au genre, dans des décors somptueux. Des miroirs aux reflets menaçants jusqu’aux chandeliers qui s’éteignent toujours lorsqu’on s’y attend le moins, en passant bien sûr par les portes qui grincent et les voilages des fenêtres bercés par une brise mystérieuse, le long-métrage parvient à instaurer une atmosphère funèbre enveloppante. La magnifique photographie en noir et blanc y est pour beaucoup, mais l’efficacité de la tension ne peut qu’être renforcée également par l’excellente partition de Riz Ortolani (compositeur de dizaines de musiques pour des western spaghetti mais aussi de celle de Cannibal Holocaust en 1980).

Au départ, le film devait être réalisé par Sergio Corbucci. Mais le réalisateur, qui n’avait alors pas encore fait Django, fut finalement appelé sur un autre tournage et remplacé au pied levé par Antonio Margheriti. Plutôt spécialiste de la science-fiction jusqu’ici, ce dernier fait avec Danse Macabre sa première incursion du côté de l’épouvante et se révèle inspiré, tirant des écrits de Poe toute leur poésie mélancolique. Il est ici question, comme le dit d’ailleurs le personnage de l’écrivain dans le film, de la « beauté de la mort », que les personnages embrassent avec délectation, en réutilisant le motif, très en vogue à l’époque, d’histoires d’amours entre vivants et esprits.

L’originalité de Danse Macabre tient à son récit tout sauf linéaire mais aussi à ses personnages ambiguës. Elizabeth Blackwood est à la fois une victime enfermée et une personnalité libérée qui envoie valser les conventions de la bourgeoisie anglaise, entretenant par ailleurs une relation extrêmement troublante avec une autre femme, Julia. Une scène entre les deux mêlant érotisme et violence a d’ailleurs produit son petit effet à l’époque, même si le réalisateur dira plus tard que la version finale retenue était bien plus sage que ce qu’il avait tourné.

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