L’évangile selon Dan Brown et Ron Howard fut une affaire rondement menée. Le livre néo-sulpicien et schismatique avait tout pour séduire l’Occident encore vaguement chrétien, les complotistes de tous poils, les amateurs de franc-maçonneries, et les bobos gothiques. Une offre venue de la production de la série 24 heures fut repoussée par Brown avant que Sony n’emporte les droits en juin 2003 pour la modique somme de 6 millions de dollars.
Pour jouer le savant, Bill Paxton avait été pressenti mais il n’était pas disponible. On se tourna alors vers Russell Crowe mais Ron Howard préféra finalement son autre vieux complice, Tom Hanks avec qui il avait tourné Splash et Appollo 13. Côté femme, passant outre l’amicale pression de Julie Delpy, le cinéaste chercha à joindre Audrey Tautou ce qui s’avéra difficile. Entretemps il passa quelques essais avec Sophie Marceau, Judith Godrèche et Virginie Ledoyen. Tautou finalement contactée emballa tout le monde et elle-même, n’en croyant pas ses yeux, réclama et obtint une photo du cinéaste et de Tom Hanks pour prouver qu’elle l’avait fait.
Elle eut ensuite l’occasion d’en faire d’autres, à Paris notamment. Car la République déroula le tapis rouge devant la grosse production américaine. Le ministère de la Culture accorda l’autorisation de tourner à l’intérieur du Louvres, de nuit. On y utilisa cinq répliques différentes de la Joconde et on évita de tacher le plancher de sang. Le président Chirac en personne, avec sa légendaire jovialité, reçut une heure durant le cinéaste et son producteur, leur suggéra un casting féminin et réclama, en rigolant, une augmentation pour son copain Jean Réno.
Le tournage durera quatre mois entre le début juillet 2005 et la fin octobre. Une partie des intérieurs furent réalisés aux studios de Pinewood en Angleterre, principalement ceux qui concernaient les édifices religieux. En Angleterre comme en France la suspicion régnait sur le projet et les autorités n’accordèrent pas d’autorisation de tournage pour un film qui sentait le soufre. C’est ainsi que les scènes concernant Saint Sulpice furent réalisées sur fond vert avant d’y réincruster les répliques digitales de la basilique.
Le film évidemment connu de nombreuses polémiques. Il fut censuré en Asie, aux Philippines et en Chine notamment. L’Opus Dei mis en cause réclama à Sony le droit de faire paraitre un avertissement au générique précisant qu’il s’agissait d’une œuvre de fiction.
Finalement ce fut un joli succès, 4 millions d’entrée rien qu’en France, et personne n’y perdit la foi. Sauf peut-être quelques critiques qui n’y virent qu’un cluedo de prieuré.