CORSAGE

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Avec l'émergence d'un nouveau féminisme, le regard sur les princesses ne pouvait que changer. La plus célèbre de celles de cinéma ne pouvait évidemment pas y échapper. Corsage redonne donc une identité à Sissi, l'impératrice immortalisée à l'écran par Romy Schneider à la fin des années 50. Marie Kreutzer retrouvant Elizabeth d'Autriche à l'aube de ses quarante ans mais encore en rébellion contre un statut paradoxale de régnante adulée par le peuple mais méprisée par son milieu aristocratique. 

Ne lésinant pas sur un décorum de palais et de robes somptueuses, Corsage veut en montrer des coulisses moins reluisantes, ou l'exercice du pouvoir se conjugue avec celui de la solitude. À l'image du vêtement titre, qui enserre le corps et l'esprit d'une femme étouffée par un statut protocolaire, partagée entre les privilèges de sa fonction et ses désirs de liberté. 

Corsage ne se limitant pas au regard posé sur une femme d'Etat malheureuse, littéralement privée d'oxygène par les obligations de son rang. Kreutzer, soutenue par une éblouissante Vicky Krieps, fissure son tableau d'époque, en filmant tout autant une condition féminine globale, de la difficulté de vieillir dans un monde influencé par l'apparence physique à celle d'être en pleine possession du pouvoir politique. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ELIZABETH (Un autre portrait de reine, anglaise elle, s'étant rebellée contre les diktats) ou encore SISSI FACE À SON DESTIN (Le dernier volet de la trilogie avec Romy Schneider, le plus proche des thématiques de Corsage.).

Marie Kreutzer ne pouvait que finir par se frotter à Sissi. Ne serait-ce qu'en tant que femme autrichienne d'aujourd'hui vivant dans une Vienne ou l'empreinte comme les clichés liés à la figure d'Elizabeth d'Autriche restent très présentes. L'idée de revisiter cette vie royale s'est affirmée lorsqu'en faisant des recherches à son sujet, la réalisatrice découvrit comment à la trentaine, puis la quarantaine, l'impératrice s'est progressivement montrée provocante envers son milieu, par des gestes de rébellion au quotidien (en fumant quand son statut le lui interdisait ou en s'adonnant de plus en plus en plus à des sports réservés aux hommes). 

Le parallèle avec une génération actuelle de femmes, désireuses de sortir des standards, de s'extraire de valeurs patriarcales se fera de plus en plus évident. Plus encore en s'attaquant au quotidien d'une femme régi par le qu'en dira-t-on. Pas question dès lors de mettre en scène un biopic complémentaire à la trilogie des Sissi avec Romy Schneider, mais bien plus de faire un film d'atmosphère, décortiquant une mythologie, dissolvant l'image d'Épinal pour remettre en lumière la femme plus que la monarque, la solitude de sa fonction. 

Pour un tel projet, il fallait trouver une actrice prête à incarner cette double facette : les fragilités dans l'intime, la puissance de sa position sociale. Vicky Krieps se prêtera pour cela à un entraînement multiple, de l'apprentissage du hongrois à celui de la nage en eau glacée ou de l'escrime. Et évidemment celui du port d'un corsage lacé au maximum. Le tout pour se rapprocher au mieux du sujet central : la possibilité ou non  de contrôler sa vie. Kreutzer la renforçant par une foule de personnages féminins, des domestiques à la fille de l'impératrice, formant, au-delà des classes sociales, un gynécée cloîtré dans la représentation à laquelle forçait les us et coutumes d'un 19e siècle pourtant au bord de cataclysmes. Corsage visant avant tout à questionner ce système, à tenter d'en redessiner l'image des femmes qu'il maintenait prisonnières. 

Ceci n’est pas un biopic. Pas un truc compassé et scolaire. Hors de question. Marie Kreutzer, la réalisatrice, et Vicky Krieps, l’actrice, n’en voulaient pas. Plutôt faire à leur guise. Raconter sans la révérence et la pompe, en envoyant balader. Et puis de la Sissi ...

Élisabeth de Wittelsbach, vieillissante et spleenétique, parcourt l’Europe afin de caparaçonner son héritage.La réalisatrice autrichienne représente de cette impératrice d’une vénusté incommensurable comme d’une mélancolie cyclopéenne un poignant et généreux ...

Alors que les portraits de femmes de pouvoirs fleurissent ces dernières années, notamment sous le regard de Pablo Larrain (Jackie, Spencer), l’idée d’aller gratter le vernis du mythe de Sissi l’impératrice était une tentation légitime : c’est chose faite dans Corsage, ...