BAMAKO

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Le film de procès est un genre foisonnant qui ne cesse de donner au cinéma une foule d'œuvres marquantes et aussi diverses que 12 hommes en colère, Erin Brockovich, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ou encore Le Verdict. Bamako d'Abderrahmane Sissako a la particularité de ne ressembler à aucun autre, mêlant documentaire et fiction. La partie procès est improvisée par un vrai président du jury, des témoins choisis dans la population malienne et de vrais avocats notamment Français, William Bourdon et Roland Rappaport. 

Bamako comme son nom l’indique se déroule dans la capitale du Mali dans la cour commune d’une maison que partagent plusieurs familles modestes. Or c’est là, sur son sol en terre battue, entre un bélier irrité et des enfants qui jouent que se tient le procès qui donne son corps au film. Il oppose la société civile africaine à la Banque Mondiale et au FMI considéré par ses plaignants comme responsable de leur pauvreté.  

Au milieu de la séance, les habitants de la maison vont et viennent et parmi eux le couple en crise que forment une chanteuse et son mari, insensible à ce qui se joue devant leur porte. Sorti en 2006 après sa présentation hors compétition à Cannes en 2006, le long métrage du réalisateur mauritanien surfe, comme ses deux précédentes œuvres - Le Bonheur sur terre, et En attendant le bonheur - sur une veine poétique, pour dire la réalité toute nue d’un monde dont son auteur stigmatise l’égoïsme et la cruauté. Avec une ironie souvent brutale. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CLEVELAND CONTRE WALL STREET ("Cleveland contre Wall Street" documente un procès semblable à celui mené par les personnages de "Bamako": une ville ruinée par la crise économique attaque symboliquement en justice le monde de la finance.) ou encore TWIST À BAMAKO (Parce que Robert Guédiguian s'éloigne de ses terres d'élection (Marseille et l'Arménie) pour raconter l'époque bouillonnante de l'indépendance du Mali.).

Le réalisateur a donné une totale liberté aux différents acteurs de son procès au moment d’élaborer leurs propres arguments et plaidoiries autour de la mondialisation et de ses conséquences néfastes sur l’Afrique. Mais la vie naît également de l’irruption des habitants au cours des débats, comme ces femmes qui viennent prendre de l’eau au robinet, le vendeur de fausses lunettes Gucci, ou bien l’enfant qui joue au ballon. L'issue du procès leur passe a-dessus de la tête. Pour chacun d’eux, la vie continue, avec son lot de petits arrangements quotidiens, à l’image du policier posté à la grille de la maison, qui continue de toucher un billet avant de laisser passer ceux que l’événement intéresse. 

Objet de curiosité aussi, le segment “western” - Death In Timbuktu - intercalé au milieu du récit et que regardent des enfants sur un poste branché dans la cour. Une caricature de spaghetti western avec Abderrahmane en mercenaire cow boy, au côté de son ami le cinéaste palestinien Elia Souleiman et de Dany Glover : l’acteur de L’Arme fatale, producteur associé du film,  ancien ambassadeur de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour le développement, ne manque jamais une occasion de manifester son engagement civique et humanitaire. Cette séquence explique le réalisateur a été conçue comme “une manière de montrer que les cow-boys ne sont pas tous blancs et que l'Occident n'est pas seul responsable des maux de l'Afrique. Nous avons, nous aussi, notre part de responsabilité”.

C’est du cinéma réquisitoire, implacable et qui n’a pas le temps de faire des fioritures. C’est un très bon compte rendu de la situation de l’Afrique au XXIe siècle, exploitée et vidée de ses richesses par le consortium des autres continents, tous unis pour une fois. ...

Un film éminemment politique qui se la joue (parfois trop) cérébral et symbolique. Mais un film qui a le mérite d'essayer de dénoncer une situation injustement ignorée, de donner la parole à ceux qui ne l'ont jamais, d'illustrer le malêtre de tout un continent. Le cinéma ...

Abderrahmane Sissako réalise un film aussi ingénieux dans sa forme que dans son propos. L'Afrique, terre en marge, où le chômage est en hausse sans qu'on ne puisse rien faire, n'a pas les moyens de se faire entendre. Quoi de plus ingénieux alors que de reconstituer une salle ...