ADN

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« Qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je ? »... Au-delà de la difficulté à prononcer cette triple question, elle pose sur le fond une interrogation un brin angoissante qui anime le genre humain depuis que les têtards ont jadis décidé d’aller voir ce qui se passait sr la Terre à peine ferme... Maiwenn a souhaité en faire le sujet principal de son 5e film de réalisatrice et il ressemble d’ailleurs à une somme, un aboutissement de toute son œuvre.

Elle y incarne une jeune femme prénommée Neige, confrontée à la disparition douloureuse de son grand-père algérien... Face à ce deuil brutal, Neige se rend compte qu’elle connaît finalement assez peu de choses de ses origines, de cette famille restée là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée et elle se lance dans une quête intime qui passera par la démarche d’une double nationalité...

Emouvant, drôle, grave et vibrant, « ADN » porte l’empreinte se celle qui l’a pensé, écrit, tourné mais surtout voulu. Sa sincérité désarmante peut-être déconcertante mais en aucun cas discutable...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LION (La quête de ses racines est un voyage souvent mouvementé, que l'on soit adopté ou d'origine étrangères...) ou encore QU'UN SANG IMPUR (Que reste-t-il de nos origines algériennes quand on naît en France ou que l'on devient français ? Ces deux films posent la question et y apportent des réponses complémentaires...).

Pour celles et ceux d’entre vous qui auraient manqué jusqu’à ce film le parcours de cinéaste de Maiwenn, « ADN » est donc une sorte de puzzle cohérent, assemblant toutes les pièces de son univers et de ses films précédents. On y retrouve d’abord un casting détonnant et multiple, qui rassemble de manière inédite des acteurs très différents : Fanny Ardant, Louis Garrel ou Marine Vacht... On y est également fasciné par cette capacité de Maiwenn à aller saisir des instants presque volés, durant lesquels ses comédiens laissent transparaitre des émotions que des prises trop préparées ou répétées n’auraient sans doute pas laissé filtrer. Rien de vulgaire ou de malhonnête dans tout cela, juste la volonté d’emprunter un peu de grâce révélée... Un principe hérité de son passage sur le plateau de l’un de ses maîtres, Claude Lelouch...

Maiwenn a également ce don d’aborder des sujets qui peuvent toucher au drame par le biais de moments presque comiques. Dans « ADN » c’est le cas de la scène du choix du cercueil du grand-père mais, si l’on pense à ses films précédents, comment ne pas sourire malgré tout à certains des interrogatoires de « Polisse » en 2011 dans lequel Karin Viard, Marina Foïs, Joey Starr, Nicolas Duvauchelle ou Emmanuelle Bercot formaient un groupe de policiers de la brigade des mœurs confrontés à la dureté de leurs dossiers... L’enfance encore dans « Pardonnez-moi », son 1er film en 2008 où Maiwenn explorait en quasi introspection les secrets inavouables rongeant certaines familles.

Cette réalisatrice-là a besoin de se confronter à ses propres démons pour continuer à avancer : « Le bal des actrices » en 2009 évoquait la dureté du métier de comédienne à travers des portraits ressemblants fortement à leurs interprètes, (Muriel Robin, Marina Foïs, Romane Bohringer, Mélanie Doutey ou Julie Depardieu)... Quant à « Mon roi » en 2015 avec Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel, il montrait frontalement la violence d’un couple à la dérive...

Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la famille et elle y revient encore avec ADN, à la fois œuvre sur le deuil, ...

Les critiques sur ce film n'ont que le mot "autofiction" à la bouche. Je suis allée voir ce film sans trop savoir qui est Maïwenn, une vague idée fondée sur pas grand chose, le mot "autofiction" déjà entendu mais dans un coin de la tête, pas trop envahissant. J'ai donc ...

Cinq ans après Mon Roi, Maïwenn retrouve le chemin de la réalisation avec ADN. Un drame intimiste, sobre et très personnel, qui questionne le deuil et la quête des origines dans la France cosmopolite. Une œuvre pleine de vitalité, décorée du label Festival de Cannes 2020. La ...