ACCIDENT

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Quatre ans après The Servant (1963), Accident reforme le trio magique constitué par le réalisateur Joseph Losey, le scénariste Harold Pinter et le comédien Dirk Bogarde. Le film correspond à la volonté de Losey et de Pinter de s’associer pour offrir un nouveau grand rôle à Bogarde. C’est par l’intermédiaire du producteur américain Sam Spiegel, avec lequel il avait collaboré sur son film Le Rôdeur en 1951, que Losey a trouvé leur matériau de départ : le roman de Nicolas Mosley Accident, qui ouvrait de stimulantes perspectives par sa modernité d’écriture.

Par rapport à l’intrigue, il est intéressant de savoir que Mosley est un aristocrate anglais qui a quitté sa femme, alors que leurs enfants étaient adultes, pour se remarier et entamer une nouvelle vie. Il se serait par ailleurs inspiré d’un authentique accident automobile survenu à Oxford et dont les victimes entretenaient entre elles le même type de rapports que les  personnages du film.

Pour mener à bien ce projet, Losey et Pinter se sont finalement séparés de Spiegel qui voulait, lui, simplifier l’intrigue et engager Richard Burton à la place de Dirk Bogarde dans l’espoir d’attirer plus de spectateurs. Losey a lui-même coproduit son film et s’est ainsi assuré une grande liberté, tant dans la construction scénaristique que dans le choix des comédiens. Il dirige Stanley Baker pour la quatrième fois au côté de la Française Jacqueline Sassard, révélée par Alberto Lattuada en 1957 dans Guendalina. Faites bien attention aux petits rôles, se cachent parmi eux le scénariste Harold Pinter et le romancier Nicolas Mosley. Au festival de Cannes 1967 où il représentait la Grande-Bretagne, Accident a obtenu le Grand Prix Spécial du jury.

 
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Dans leur livre Trente ans de cinéma britannique, les historiens Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe expliquaient que « Accident est semblable à un livre qu’il faut lire entre les lignes. Ce qu’il y a d’important, c’est ce qu’on ne voit pas immédiatement, ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas montré, ce qui se cache derrière une apparence de banalité presque ennuyeuse. Accident nous invite au passionnant décryptage des lieux communs, des regards échangés, des phrases sans importance, des sous-entendus. »

Le paradoxe c’est que ce regard que tous les critiques ont trouvé si juste sur les longs dimanches dans la campagne anglaise est celui d’un scénariste d’origine juive polonaise et d’un réalisateur américain né dans le Middle West. Rappelons que c’est à la suite du maccarthysme et de son inscription sur la terrible Liste noire qui lui interdisait de travailler à Hollywood que Losey a dû s’exiler en Europe et s’installer en Grande-Bretagne.

Subtilité du scénario dans sa déscription des rapports amoureux et du désir affiché ou caché, analyse psychologique fine, plan qui ont tous un sens précis, montage et jeux des acteurs impeccables, Losey signe un film parfait dans son genre, encore faut-il aimer le genre, ...

C'est un film véritablement à ambiance. Certes, il y a une histoire, celle de cette jeune femme étrangère qui attire tous les regards masculins, et puis cet accident qui va bouleversé sa vie. Mais c'est surtout un film qui nous emmène là où elle va, nous montre le regard ...

Accident est sans doute mon Losey préféré, malgré son titre et son histoire quelconque d'adultère chez les bobos. Quelle modernité en effet dans cette monstration distanciée et lente de personnages comme apathiques, ce que renforcent d'étonnantes ruptures formelles ! Le ...