C’est parce que sa propre famille, originaire d’Iran et du Pakistan, a subi le racisme en Angleterre, que la réalisatrice Rubika Shah s’est penchée sur la montée de l’extrême droite à la fin des 70’s. En faisant ses recherches, elle tombe sur la performance des Clash au Carnaval Rock Against Racism. « Je ne pouvais pas croire que ce mouvement avait existé à cette époque, dit-elle, et que je n’en avais jamais entendu parler. Au milieu de toute cette haine, un mouvement de contre-culture avait vu le jour dans une petite imprimerie de l’Est de Londres. C’était un lieu pour que les jeunes partagent leurs points de vue. Ils croyaient en l’égalité - la musique, le punk, le graphisme étaient leurs armes. » Les images d’archive ont été compliquées à retrouver, explique-t-elle, beaucoup moins à utiliser. « Cela requiert des mois de recherche sur internet, de nombreux échanges, virtuels ou non. Nous avons trouvé des images qui n’ont jamais été vues, elles dormaient dans un grenier depuis plus de trente ans. Notre chance a été aussi que beaucoup des détenteurs de droits avaient soutenu la cause de RAR et certains étaient au Carnaval d’avril 78. ».
Bien qu’elle montre David Bowie sous un angle extrêmement problématique dans White Riot, Rubika Shah avait auparavant dédié un film entier au chanteur et notamment à son clip Let’s Dance. Ce clip, tourné en Australie, prenait fait et cause pour les Aborigènes, dénonçait les conditions épouvantables dans lesquelles ils vivaient sur le territoire, le tout, en mettant en scène deux jeunes aborigènes sur piste de danse d’un rade au milieu du bush. C’est en préparant Let’s Dance d’ailleurs, en passant en revue des centaines d’heures d’archives, que Rubika tombe sur la fameuse performance des Clash au Carnaval Rock Against Racism. De là, elle se passionne pour le sujet et c’est ainsi que naît White Riot.
Le titre du documentaire est tiré de la chanson des Clash, « White Riot ». Il s’agit du premier single que les Clash aient commercialisé, c’était en mars 1977. Il en existe deux versions, l’une de 1min56 l’autre de 2min01 : et peu importe sa version, cette chanson lapidaire et survitaminée, est profondément anti-raciste. Pourtant, les skinheads ont tenté de se la réapproprier pour illustrer leurs idées nauséabondes. Rubika explique que reprendre le nom de ce morceau pour son propre documentaire lui a permis de « récupérer ce titre et de dire : ‘Non, aucun lien. Au contraire, c’est de l’activisme anti-raciste’ ».