TIM & ERIC

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Alors que la comédie contemporaine est trop souvent caractérisée par son manque d'audace et la peur de déplaire, ce film passé sous le radar revendique l'extrême mauvais goût comme un argument majeur. Tim Heideker et Eric Wareheim forment un duo comique américain qui s'est assuré une certaine réputation à la télé en produisant des courts métrages d'animation et des sketches. Leur humour très particulier s'appuie sur une esthétique fauchée typique de la télévision publique et une absence totale d'inhibition.

Dans ce premier long-métrage qu'ils ont écrit et mis en scène, ils jouent un duo de réalisateurs ineptes qui, pour rembourser leur producteur après le fiasco de leur film réalisé pour un milliard de dollars, imaginent de se refaire en rénovant un centre commercial décati.

En chemin, ils rencontrent une quantité de personnages pittoresques, ce qui nous vaut de voir Jeff Goldblum, Will Ferrel ou John C Reilly, dans des apparitions inattendues. Mais le caractère délibérément saugrenu et parfois extrême de leurs aventures s'adresse à un public averti.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HELLZAPOPPIN (Même parti pris de compenser l'absence de narration par le non sens.) ou encore RÉALITÉ (Même procédé du film dans le film qui confond la fiction, la réalité, le rêve...).

Picasso disait que le bon goût était l'ennemi de la créativité. Si l'inverse était vrai, alors ce film serait un chef d'oeuvre de poésie. Sans aller jusque là, on peut quand même affirmer que le mélange de candeur et d'inconscience dont font preuve Tim et Eric apporte à leur effort une qualité surréaliste. Leur absence de retenue est à double tranchant : d'un côté, elle leur assure un public fanatique mais restreint, tout en provoquant chez les autres un rejet catégorique. Il n'y a pas de demi-mesure, mais ce parti pris est une qualité assez rare pour être appréciée.

Tim et Eric se sont rencontrés à l'université de Philadelphie, où ils ont développé en toute indépendance une série de court-métrages d'animation. Par la suite, ils ont démarché des producteurs de programmes comiques  avant de se faire remarquer par Bob Odenkirk, qui deviendra célèbre pour son rôle d'avocat dans Breaking bad, grâce auquel ils obtiennent le feu vert pour une série de court-métrages comiques sur Adult swim, une chaîne spécialisée dans les programmes pour adultes. C'est là qu'ils développent leur forme d'humour décomplexé qui leur vaut un public fidèle.

Désireux de passer à l'étape supérieure, ils prennent le pari risqué de raconter une histoire sur la durée inhabituelle pour eux du long-métrage. Tout en évitant d'aligner les sketches, ils compensent leur manque de rigueur narrative par une liberté sans limite. Formellement, ils ont gardé de leur expérience télévisuelle l'esthétique bon marché et une tendance à cadrer en gros plan des personnages dans des décors  dépouillés. L'influence du format court se retrouve dans leur propension à multiplier les fausses publicités et les films dans le film. Ils exploitent aussi un atout intéressant qui consiste à s'assurer la participation de collaborateurs prestigieux comme Will Ferrel, John C. Reilly, Robert Loggia ou Jeff Goldblum. Et quand Johnny Depp ou Steven Spielberg ne sont pas disponibles, ils font appel à des sosies.